Sommes-nous vraiment naturellement monogames ? Au commencement était le sexe s’interroge sur cette question et de manière générale sur la sexualité humaine. Via l’étude des cultures ancestrales et l’observation des primates proches d’Homo sapiens, Christopher Ryan et Cacilda Jethá bouleversent nos pensées sur l’amour et la sexualité en Occident.
J’ai une sexualité donc je suis
Ce livre chamboule les idées reçues et demande de réfléchir sur des sujets vus comme naturellement humains. Le patriarcat a-t-il toujours existé ? Pourquoi nous marions-nous ? La monogamie est-elle vraiment plus naturelle que le polyamour ?
Les modèles de sociétes plus anciennes démontrent que certains comportements amoureux et sexuels peuvent totalement différer des Occidentaux et générer même une meilleure harmonie entre les sexes. Dans la tribu Aché au Paraguay par exemple, « les hommes de ces sociétés se trouvent liés les uns aux autres par une paternité partagée des enfants qu’ils ont engendrés ensemble », sortant donc du cadre de la jalousie liée à l’héritage génétique pour être dans la gratitude d’élever un enfant ensemble.
Nous avons coutime de dire qu’on couche « comme des animaux » quand notre sexualité est intense et frivole. Pourtant, seuls les humains et les bonobos font l’amour en permanence à des fins non reproductives. En réalité, un grand nombre d’espèces ne copulent que lorsque la femelle ovule.
On découvre notamment le syndrome de Pierrafeu, qui veut que les chercheurs tentant de décrire la nature humaine calquent des configurations contemporaines aux comportements passés. C’est notamment le cas dans l’image d’une période préhistorique forcément inégalitaire entre hommes et femmes. Or, pour le primatologue Frans de Waal « ce comportement hiérarchique, agressif et territorial est d’orgine récente pour notre espèce », apparu avec l’agriculture vs l’époque des chasseurs-cueilleurs.
Et que dire des théories de « stratégie mixte » dans la guerre des sexes ? Selon ce principe, l’homme cherche une compagne long terme dont il pourrait contrôler le comportement sexuel, tout en ayant des relations sexuelles occasionnelles par ailleurs. Tandis que la femme chercherait un partenaire long terme pour un meilleur accès aux ressources et à la protection, tout en cherchant des aventures extraconjugales avec des mecs virils.
L’humain et sa sexualité, un animal (pas) comme les autres
Au commencement était le sexe montre que certaines théories sans fondement scientifique ont servi à légitimer la monogamie, la répartition genrée des tâches et le socle même de nos sociétés. Cet ouvrage exhaustif (plus de 400 pages) démonte les théories de Malthus, Darwin, de la religion et tant d’autres, avec des sources anthropologiques, sociologiques, économiques et politiques. La culture sexuelle occidentale est ainsi à la source des maux qui la troublent, comme l’infidélité, l’individualisme, les divorces ou les violences sexuelles systémiques. Le livre invite à sortir de l’ethnocentrisme et comprendre que nous pouvons apprendre d’autres modèles hors Occident, des expériences ancestrales encore présentes dans notre adn et de nos plus proches cousins du monde animal, les primates. Une lecture éclairante et passionnante !
Cette Bible de la sexualité est à mettre dans toutes les bibliothèques.
Au commencement était le sexe, Christopher Ryan & Cacilda Jethá, éditions Alisio. 24€.