Tout est vénère dans ce livre de l’autrice Taous Merakchi. L’écriture est incisive et il nous semble que chaque phrase est un vif coup de cutter, qui nous soulage, qui nous aide à pousser un cri collectif de rage. Sortez les briquets, Taous Merakchi souffle sur les braises de nos colères enfouies, pour faire jaillir le feu d’un féminisme vénère, comme on l’aime !
Je suis vénère donc je suis
Taous Merakchi livre un pamphlet intime sur toutes ces colères, ces peurs et ces souffrances qui accompagnent son existence de femme hétéro dans un monde patriarcal.
Elle crache sa bile sur toutes ces injustices qui influencent son rapport au monde et celui de toutes les femmes. Son regard est lucide, son écriture enragée, sa voix est celle de toutes qui ont déconstruit l’apparente naturalité des rapports sexistes.
Les hommes ont le droit d’exprimer leur colère et il est normal, pour eux, de trouver un exutoire. […] C’est un homme, les hommes sont en colère, les hommes ont besoin de l’exprimer. Mais les femmes, dans tout ça ? Les femmes, qui ont trois milliards de raisons de plus d’être en colère depuis la nuit des temps ? Les femmes, elles, n’ont pas le droit. Ce sont des anomalies. »
Taous Merakchi, Vénère
On interdit la colère aux femmes, mais Taous la pose sur papier pour la revendiquer et rappeler sa légitimité. C’est avec une fureur délectable qu’elle dézingue la complaisance de la masculinité et toutes ses violences adressées aux femmes. En plongeant dans ses propres souvenirs de vie, elles nous fait plonger dans les nôtres, car l’expérience féminine est commune. Not all men, mais toutes les femmes.
La colère de l’autrice ne se limite pas aux rapports de genre et à l’hétéropatriarcat, elle dénonce aussi la charge raciale, le racisme subi quand les origines « d’ailleurs » sont visibles ne serait-ce que par le nom qu’elle porte. Taous Merackhi est réellement vénère, et en l’assumant, elle invite les femmes à ne plus avoir honte de l’être.
Vénère, Taous Merakchi, Harper Collins. 7,90€.
