Quelle femme n’a pas eu de complexe sur sur seins ? Pourquoi sommes-nous toujours préoccupées par leur apparence ? À peine poussent-ils sur nos corps, qu’ils semblent envahir l’espace public, nous effacer derrière leur présence. Le documentaire féministe Bénissez nos seins partage des témoignages et analyse la relation complexe que nous entretenons avec nos poitrines.

Bénissez nos seins

Les femmes sont regardées dans les seins

Ce documentaire, réalisé par Angèle Marrey, prend la forme d’interviews de différentes personnes ayant des seins, en respectant les diversités de profils : couleurs de peau, orientations sexuelles, transidentité ou encore corpulences variées.

Bénissez nos seins pointe la difficulté de toutes les jeunes filles devant l’extrême sexualisation subie par leur corps, dès que les seins deviennent visibles. Encore enfants, l’arrivée de la poitrine nous bascule inéluctablement dans l’univers des « femmes », dans les regards extérieurs. « On m’a sexualisé avant que je ne sois une femme », énonce une des femmes du reportage.

À l’instant où les seins poussent, nous ne serons plus libres, car nous serons des femmes. »

Angèle Marrey, Bénissez nos seins

Les témoignages mentionnent le harcèlement de rue dans l’enfance et l’adolescence, l’hypersexualisation des grosses poitrines, les complexes liés aux injonctions (les seins sont toujours soit trop petits, soit trop gros), les impacts long terme des réflexions permanentes sur les seins, l’augmentation des chirurgies plastiques, mais aussi les mutilations subies par les seins ou encore la question de l’allaitement et du cancer du sein.

À l’instar du livre Seins, en quête d’une libération de Camille Froidevaux-Metterie, le documentaire met en exergue le rapport ambivalent des femmes envers leur poitrine. Une partie du corps tout à la fois mystifiée, érotisée à outrance et constamment scrutée et jugée par les autres.

photo de clémentines avec des piercings comme des tétons
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Ce sein qu’on ne fait que voir

Bénissez nos seins aborde également la puissance des représentations artistiques et de la mode, pour construire des stéréotypes féminins. Mélody Thomas, autrice du livre La mode est politique, explique notamment le rôle d’influence de la lingerie féminine :

Dans l’histoire de la lingerie, il y a l’idée de contrôler le corps des femmes, le vieillissement du corps des femmes. »

Citation de Mélody Thomas, extraite du documentaire Bénissez nos seins

Du corset en passant par le soutien-gorge push-up, les tendances de la lingerie sont un moyen de formater le sein idéal. Un sein qui se veut blanc, petit mais pas trop, bien rond et qui pointe. Cette vision de la « poitrine parfaite » prendrait naissance dans les représentations des peintures classiques d’artistes masculins occidentaux. Ces peintures où les femmes sont allongées, passives, les seins nus (mais qui ne tombent jamais), comme des poupées inanimées.

Le corps féminin est un corps contemplatif pour les hommes. Notre corps doit provoquer le désir pour être baisé. Mais transpirer la pureté pour porter leur enfant. »

Angèle Marrey, Bénissez nos seins

Nos seins semblent être là uniquement pour se montrer aux autres, correspondre au regard projeté sur eux. Le documentaire expose la difficulté des femmes à s’approprier et aimer leur poitrine, qui semble leur échapper au profit du male gaze.

Bénissez nos seins est un excellent documentaire féministe à regarder ! Disponible en libre-accès jusqu’au 20 février, sur la plateforme indépendante, féministe et queer On.Suzane. Cliquer ici pour voir le documentaire !

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