Faut-il coucher le premier soir ? Ce qui est intéressant avec cette question, c’est qu’on sait tous-tes qui s’interroge généralement sur le sujet : les femmes ! Et plus précisément les femmes hétérosexuelles. La vraie question qui se cache derrière est plutôt « suis-je une salope / une pute / une tchoin si je couche le premier soir avec un mec ? » Parce qu’évidemment, la question se pose pour la femme qui couche, mais pas pour le mec qui couche, alors que les deux couchent ensemble ce soir-là. Il y a comme un bug, non ?

Faites ce que vous voulez si vous le voulez !

Coucher le premier soir ou non est une interrogation fréquente pour une femme. Lorsqu’un rendez-vous touche à sa fin, va-ton poursuivre la soirée dans son lit ou non ? Si les deux personnes en ont très envie, pourquoi se refréner, alors que le désir est là et que tout le monde est consentant ? Ce qu’il ne faut pas, c’est se forcer à faire l’amour pour paraître « cool », par peur de vexer l’autre ou parce que le partenaire nous menace. Il n’y a jamais d’obligation à coucher, mais il ne doit pas y avoir d’injonction à ne pas coucher par peur de l’image qu’on renvoie. Surtout que la question ne se pose pas pour le partenaire masculin en face !

Coucher le premier soir avec un mec, c’est montrer une forme de détachement face aux normes, qui voudraient qu’une «bonne fille» attend avant de donner son corps.

Être une femme qui paraît « trop » libre sexuellement, à l’aise à l’idée de coucher peut encore gêner, même si la popularité des applications de rencontre comme Tinder, ont pu démocratiser l’idée du ONS (one-night stand / coup d’un soir). Souvent les femmes qui ont envie de suivre cette pulsion d’un soir se sentent bloquées. Et parfois, par peur de ce que ce mec -qui pourtant fait tout pour coucher avec elle aussi- va penser d’elle ensuite.

Dans le livre Sexpowerment de Camille Emmanuelle où elle raconte cette anecdote marrante : elle n’a pas couché avec un date le premier soir, uniquement car elle avait ses règles et ne se sentait pas assez en forme. Au cours de la relation qui a duré deux ans, il lui explique que c’est parce qu’elle n’avait pas couché avec lui le premier soir, qu’il a estimé qu’il pouvait lui faire confiance pour sortir avec elle ! Son jugement s’est basé sur une circonstance mal comprise de sa part. Si elle n’avait pas eu ses règles ce soir-là, il serait passé à côté d’une belle histoire, en plus d’avoir montré que son jugement hérité de pensées patriarcales était débile.

Un homme et une femme couchent ensemble, pas de raison que seule la femme soit méprisée

Ces considérations inhibent forcément des femmes (c’est le but). Elles ont juste envie de profiter pleinement comme le mec, mais savent qu’elles seront jugées et pas lui. Cette mentalité de critiquer la meuf qui couche vite, on la voit dans cette chanson du groupe de rap IAM intitulée « Elle donne son corps avant son nom ». Parmi les lyrics on trouve cette citation : « Traitez les filles avec respect, mais attention prenez garde à celles qui ne donnent pas leur nom ». Durant toute la chanson, ils décrivent des filles qui couchent avec eux pour leur extirper leur argent, qui sont des prostituées avec un mac. On pourrait se dire qu’ils décrivent juste un cas spécifique, mais il s’agit de pointer les femmes qui couchent le premier soir et d’en parler négativement. Pourtant, eux aussi couchent sans donner leur nom, sinon ils ne pourraient pas en parler.

Laissons juste chacun et chacune libre de ses envies ! Il est démodé et sans justification rationnelle de critiquer les femmes à ce sujet, comme si elles étaient seules actrices de cette situation. C’est de la simple mauvaise foi sexiste.

Pas d’injonction non plus à coucher le premier soir

Ne tombons pas non plus dans l’écueil inverse : l’injonction à coucher le premier soir pour prouver qu’on est une femme libre ! Cela ne sert à rien de briser une injonction pour la remplacer par une autre.

Ce qui importe n’est pas de le faire ou non et l’image que cela renvoie. Il faut faire l’amour parce qu’on en a envie et ne pas le faire si on en n’a pas envie.

Coucher ou ne pas coucher, telle est la question. Mais, la réponse ne doit pas se baser sur le regard des autres. Faire l’amour, quel que soit le contexte et la rapidité avec laquelle cela arrive, est un choix de partage d’intimité. Cela nous appartient de suivre ou non cette envie.

Evidemment, les questions de réputation peuvent être plus ou moins importantes selon notre environnement. Vivre dans un petit bled où tout le monde se connaît, ou vivre dans une capitale où vos voisins exisent à peine, c’est différent. On a conscience qu’il est plus facile d’écrire que l’avis des autres importe peu, que de le vivre parfois.

Cependant, une règle s’avère souvent vraie : plus on s’assume et le montre, moins les autres attaquent facilement, car cela montre une force qui crée un filtre. Partant de là, osez simplement affirmer qui vous êtes et vos envies.

Vous voudrez coucher le premier soir avec quelqu’un, avec une autre personne vous préférerez attendre plusieurs semaines, tout fluctue. Dans un cas ou l’autre, vous n’êtes pas à l’abri de tomber sur un plan cul embarrassant ou sur le grand amour. C’est le jeu de l’amour et du hasard ! Cela ne se décrète pas toujours à l’avance et dépend des circonstances et des rencontres.

Certains mecs n’aiment pas coucher le premier soir, d’autres ne font que ça, et qui est présent pour les juger ? Personne. Et c’est très bien ainsi. Ne jugeons personne et cela inclut les femmes. Couchons (ou ne couchons pas) comme bon nous semble !