Les règles restent encore aujourd’hui un facteur d’exclusion sociale du fait de leur invisibilisation et de leur caractère stigmatisant. Même si, de plus en plus de voix de femmes prennent en main le sujet pour le rendre moins tabou, mieux informer et surtout cesser le sentiment de honte des règles, ce n’est pas encore gagné. Dans le cadre de la Journée mondiale de la Menstruation, l’Ifop a mené une enquête pour la marque Intimina*, pour comprendre l’impact de l’invisibilisation des règles dans la vie quotidienne des femmes.

Oui, les règles nous impactent au quotidien, souvent négativement

Selon cette étude, réalisée en 2021 sur 1010 femmes âgées de 15 à 49 ans résidant en France métropolitaine :

  • 1 femme sur 2 souffre de règles douloureuses
  • 8 femmes sur 10 remarquent que leur cycle menstruel semble aussi avoir des effets sur leur état psychologique (fatigue, irritabilité, malaise avec leur corps etc.)
  • 1 femme sur 2 a le sentiment que la gêne ou la douleur des règles est sous-estimée par ses amis hommes
  • 1 femme sur 3 a déjà subi des moqueries ou des remarques désobligeantes en raison des menstruations
  • presque 9 femmes sur 10 ne souhaiteraient plus être menstruées
culotte pour les règles by Vulvani
‘Photo by Vulvani – www.vulvani.com’ 

Cette gêne ou ces douleurs chroniques ont mené plus de 8 femmes sur 10 à renoncer à faire l’amour pendant leurs règles. Pourtant, cela n’est pas obligé de cesser d’avoir des rapports sexuels pendant ses règles, cela peut même être très érotique, comme dans le film Can Vampires smell my period de la réalisatrice Erika Lust. De plus, parmi les points positifs non évoqués malheureusement dans cette enquête, la période des règles est aussi associée à une forte libido pour plusieurs femmes. Savez-vous aussi que l’enquête Menstrubation a démontré que la masturbation est un remède efficace pour lutter contre la douleur pendant les règles ?

N’est-il pas dommage de lire que presque toutes les femmes interrogées souhaiteraient ne plus être menstruées ? Cela reflète une honte et un désamour de son corps de femme, du fait de toute la stigmatisation liée aux règles et à la désinformation totale sur le sujet. Comment être à l’aise, quand même les expert-es de santé ne prennent pas toujours au sérieux des maux comme l’endométriose, qui met encore en moyenne 6 ans à être diagnostiquée !

Pourtant, avoir ses règles est tout à fait naturel, montre que notre corps féminin fonctionne bien et c’est ce qui permet également d’envisager porter une grossesse un jour si cela est notre souhait. Ce n’est ni sale, ni honteux en réalité, bien que cela puisse être désagréable et soit inconvénient. Parmi nos conseils pour se sentir mieux en phase avec son corps et ses règles, n’hésitez pas à télécharger une appli de suivi de votre cycle menstruel.

douleurs menstruelles by Vulvani
‘Photo by Vulvani – www.vulvani.com’ 

Cesser d’avoir honte de nos règles

On apprend aussi dans l’enquête que :

  • 74% des femmes ont refusé de se baigner à cause de leurs menstruations
  • 65% ne souhaitent pas se mettre en maillot à cette période de leur cycle
  • 57% ne pratiquent pas d’activité sportive en raison de la douleur
  • 46% ont déjà eu le sentiment que la gêne ou la douleur de leurs règles étaient sous-estimées par leurs amis hommes

Ayant intériorisé l’idée que les règles ne doivent pas être vues, les femmes ont développé différentes stratégies d’évitement (qu’on a déjà toutes faites malheureusement) :

  • 83% ont déjà caché dans leur poche ou leur manche des protections hygiéniques pour aller les changer aux toilettes
  • 74% cachent leurs protections lorsqu’elles sont dans un lieu public
  • 64% ont déjà gardé des protections usagées dans leur sac/poche, faute de savoir où les jeter

Et encore, cela pourrait être considéré comme des « problèmes de privilégiées », quand on sait qu’une fille sur dix manque l’école sur le continent africain quand elle a ses règles et que dans certaines zones de l’Inde, permettre aux filles et femmes d’avoir des serviettes hygiéniques est une action émancipatrice forte et révolutionnaire, comme le montre l’excellent documentaire Règles de notre liberté. Il n’y a pas besoin de créer une échelle des souffrances, mais il est important de s’intéresser à la condition des femmes d’un point de vue global, pour ne pas rester bloquées sur un seul regard occidentalo-français. Entre femmes du monde, nous partageons bien souvent les mêmes peines, malgré des variantes.

Des initatives positives pour libérer le regard positif sur les règles

Quelques progrès ont lieu en France en terme de visibilité des règles. Cela reste insuffisant, mais en cette Journée Mondiale de la Menstruation, saluons des initiatives positives. On peut citer le fait que la ministre de l’Enseignement supérieur a décidé de la mise en place de distributeurs de protections hygiéniques dans les universités pour la rentrée 2021. Le 27 mai 2021, il a aussi été annoncé que 5 nouveaux départements mettraient à disposition des protections hygiéniques gratuites dans des collèges et lycées. Un joli pas pour lutter contre la précarité menstruelle et nous espérons que l’initiative s’étendra de plus en plus sur tout le territoire français. Vous recherchez une association qui lutte contre la précarité menstruelle ? Nous pouvons citer Règles Elementaires, qui est la première association française de lutte contre la précarité menstruelle, créée en 2015 par Tara Heuzé-Sarmini.

Le sang tabou ne doit plus l’être, il fait partie de nous et on peut apprendre à trouver cela positif et beau. Mais pour cela, il faut aussi que la société nous y aide et cesse de traiter cela négativement, d’y voir un embarras. Les règles sont rouges et non bleues comme les pubs ont trop souvent voulu nous le montrer, et même si on se sent mal quand on les a, qu’on a mal, qu’on a chaud, qu’on a des sautes d’humeur… ce n’est pas pour cela qu’on doit les détester et détester être une femme menstruée. Soyons plutôt fières de notre corps, célébrons-le et faisons de ce rouge sang une couleur puissante et belle !

Write A Comment