Fun, plaisir, détente et passion sont généralement des mots que l’on associe plus volontiers au sexe, que douleur et souffrance. Malheureusement, pour certaines d’entre nous atteintes d’endométriose, sexe rime souvent avec souffrance.

Qu’est-ce que l’endométriose ?

L’endométriose (ou Endo pour les intimes) est une maladie gynécologique où des tissus similaires à l’endomètre (la muqueuse utérine) se développent à l’extérieur de l’utérus, en direction des trompes et qui causent des lésions, voire des kystes, dans les ovaires, le vagin, le rectum et même la vessie. L’endométriose atteint 10% des femmes en âge de procréer* et peut se développer chez des femmes très jeunes dès leur puberté. La maladie cause aussi des risques d’infertilité chez 30 à 50% des femmes atteintes. **

Schéma de l’endométriose

L’endométriose est une maladie bien spécifique car elle touche chaque patiente différemment, selon la localisation des lésions et l’intensité de la maladie. Le point commun à toutes (ou presque) : la douleur. Des règles très douloureuses, aux rapports sexuels qui font souffrir (voire saigner), en passant par des douleurs lombaires ou abdominales, les femmes atteintes souffrent.

Certaines au point de ne plus pouvoir mener de vie normale. L’une des difficultés de cette maladie est le diagnostic. Près de 75% des femmes 3 ressentent quelques maux passagers (tels que des maux de ventre ou des crampes) au moment de leur règles, à un moment de leur vie. Des douleurs peu intenses qui disparaissent rapidement. Malheureusement, souvent, lorsque de jeunes femmes se plaignent de fortes douleurs au moment des règles, leur entourage et parfois même leur médecin leur conseille juste du paracétamol et une bouillote. L’endo ne se guérit pas avec quelques Efferalgan. Il faut en moyenne 6 ans pour qu’une femme soit diagnostiquée. 6 ans de doutes, d’incompréhension et de souffrance.  

Alors quand on souffre autant, que devient le sexe dans notre vie ? En couple ou célibataire, à quel point est-ce que cette maladie intime peut nous affecter ?

Endométriose et intimité, comment ça marche ?

Environ deux tiers des femmes atteintes d’endométriose notent un malaise pendant leurs rapports. Cela peut varier d’une gêne légère liée à de la sécheresse vaginale, à des douleurs lors de pénétrations profondes, voire des douleurs aiguës au niveau du vagin et de l’abdomen. Certaines femmes doivent même renoncer à tout plaisir sexuel tant leurs douleurs sont intenses.

Peu importe le niveau de souffrance, un vrai mal être se développe chez les femmes atteintes, qui ne peuvent pas profiter d’une vie sexuelle épanouie. En couple ou célibataire, la communication avec son compagnon ou sa compagne est primordiale. Connaître son corps et ses limites et partager ses angoisses vont aider à aborder une sexualité, peut-être quelque peu différente, mais qui pourrait avec un peu de patience devenir tout à fait plaisante.

Un autre aspect lié à la maladie dont on parle moins sont les répercussions psychologiques chez la femme et au niveau de son couple. Le sexe est supposé être un moment intime de plaisir entre deux personnes. Si le sexe fait souffrir, comment l‘associer à un bon moment ? Beaucoup de femmes atteintes citent la maladie comme une cause de leur baisse de libido et la raison pour laquelle elles ne font plus (ou moins) l’amour. Leur couple est alors également atteint car en manque d’une intimité nécessaire. Certains hommes, constatant le mal être de leur partenaire au moment des câlins et ayant été rejetés à maintes reprises connaissent même des difficultés érectiles. En définitive, célibataire ou en couple, l’endo plombe la vie sexuelle d’une femme.

Alors que faire ?

Se faire accompagner et explorer des solutions 

Dans un premier temps, consulter son médecin. Votre docteur pourra vous offrir un diagnostic et à partir de là, des solutions peuvent être mises en place.  Ne pas hésiter à insister, voire même à consulter différents médecins si nécessaire, ne pas accepter de souffrir : des douleurs intenses au moment des règles ou avoir mal pendant les rapports, ce n’est pas normal !

Même si l’on ne guérit pas complètement de l’endométriose (la maladie s’efface lors de la ménopause), des solutions s’offrent aux femmes atteintes afin de les aider à vivre une vie normale.

La pilule ou le stérilet – Dans un premier temps votre médecin pourra vous prescrire une pilule à prendre continuellement ou vous recommander l’insertion d’un stérilet. En effet, l’endo se nourrit d’œstrogène. La prise de la pilule et le stérilet vont stopper le développement de l’hormone et donc l’évolution de la maladie. Les symptômes sont en fait « cachés » mais la maladie est toujours présente.

La ménopause artificielle – Si la pilule ou le stérilet n’offrent pas de solution suffisante pour soulager les symptômes, la « ménopause artificielle » peut être une solution à envisager. Ici, le médecin prescrit des hormones qui déclenchent un début de ménopause. En réponse à ces hormones, les ovaires stoppent les cycles menstruels. Cette solution (qui n’est pas irréversible) reste lourde, car pour contrer les effets liés à la ménopause, d’autres hormones sont à prendre (pour éviter les bouffées de chaleur, les douleurs osseuses etc…)

La chirurgie – Si aucune des solutions précédentes ne fonctionne la chirurgie peut être envisagée. Le chirurgien enlève les lésions crées par la maladie. Malheureusement, dans la plupart des cas, la maladie revient après plusieurs années (on prédit que 100% des femmes ayant recours à cette méthode verront la maladie revenir après 10 ans).

Et en attendant, au niveau des galipettes, comment ça se passe ?

En attendant que le traitement agisse, pas question de se priver de sexe ! Voici quelques idées à essayer, afin de soulager des douleurs potentielles pendant l’amour :

  • Lubrifier, lubrifier, lubrifier ! L’endo crée une sécheresse vaginale et au moment des galipettes, gare à la friction. Alors n’hésitez pas à en utiliser autant que possible, voire même plus !
  • Choisir la bonne position. Sans réinventer le kama Sutra essayez autant de positions nécessaires jusqu’à trouver la vôtre. Le missionnaire est généralement une position à éviter à cause de l’inclination de l’utérus. Les positions à privilégier sont celles qui préfèrent une pénétration peu profonde : une levrette modifiée, la cuillère, debout face a face…A vous de tester autant de positions qu’il le faut, tout en vous amusant !  
  • Essayer le sexe à différents moments de votre cycle. Pour certaines femmes, les douleurs s’intensifient pendant les règles et au moment de l’ovulation.
  • Prenez une dose de paracétamol une heure avant l’acte (je sais, il y a plus sexy comme préliminaires…)
  • Trouvez votre rythme. Si votre partenaire de jeux va trop vite demandez-lui de ralentir un peu la cadence pour réduire votre inconfort.
  • Qui dit sexe ne veut pas forcément dire pénétration. Il y a tellement d’autres jeux coquins auxquels vous pourriez vous essayer, comme le cunni par exemple !

L’endométriose est une maladie qui reste assez étrangère aux yeux de beaucoup. En parler à son entourage, son médecin traitant et son partenaire vous aidera à mieux comprendre la maladie et à mieux la gérer. Si la maladie cause des tensions avec votre partenaire, une visite chez un-e sexologue pourra aider à rétablir la communication au sein de votre couple et vous aidera à trouver des techniques pour redécouvrir les plaisirs du sexe !

*https://www.endofrance.org/la-maladie-endometriose/qu-est-ce-que-l-endometriose/
**https://www.endofrance.org/la-maladie-endometriose/qu-est-ce-que-l-endometriose/


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