Comme 44,4% des jeunes femmes de 15 à 19 ans (selon le Baromètre Santé 2016 sur la contraception), mon premier réflexe contraceptif a été de me tourner vers la pilule. Or, très jeune déjà, j’avais entendu parler de stérilet (qu’on appelle aussi DIU). Ce moyen de contraception peu coûteux et moins dangereux que la pilule souffre encore aujourd’hui de préjugés graves.

Stérilet ? Ah bon ?

Je n’ai pas seulement choisi la pilule par pure ignorance de ce qui pouvait exister, je m’étais d’ailleurs renseignée sur les différents moyens contraceptifs et, ne souhaitant pas de contraception hormonale, je me suis tout de suite sentie attirée par le DIU en cuivre. Lorsque j’en fis part à mon entourage, notamment à ma gynécologue et à ma mère, la réaction fut unanime : le stérilet n’était pas fait pour une jeune fille comme moi, mais pour des femmes ayant déjà eu des enfants. Point. La gynécologue ne m’en a pas dit plus, ne m’a pas davantage écoutée non plus et je suis repartie avec une ordonnance pour la pilule.

En 2004, pourtant, la Haute Autorité de Santé annonçait officiellement que le stérilet n’était pas réservé aux femmes ayant eu un enfant. Ce document officiel est crucial pour toutes les femmes qui souhaitent, preuve à l’appui, demander la contraception qui leur convient et pas celle qui convient à leur médecin. J’avais 16 ans et j’ai choisi de ne pas défier l’autorité médicale, qui rejoignait d’ailleurs l’avis tranchant de deux femmes qui devaient savoir de quoi elles parlaient. Baissant les bras, je me mets donc à prendre la pilule. Fumeuse à l’époque, on m’avait prescrit une pilule censée mieux « cohabiter » avec cette mauvaise habitude. Elle n’était pas remboursée, et je me suis retrouvée à payer de ma poche 25 euros tous les trimestres.

Quelques chiffres

  • Parmi les grossesses non prévues 2/3 surviennent chez des femmes utilisant une contraception
  • 38% d’informations erronées circulent sur la contraception
  • Une femme sur 3 oublie une pilule par mois 
  • Chez les 15/24 ans près d’1 grossesse sur 2 n’est pas prévue
  • Les femmes qui utilisent la pilule, le patch contraceptif ou l’anneau vaginal ont 20 fois plus de risques de tomber enceintes que celles recourant au stérilet et aux implants hormonaux, selon une étude publiée aux États-Unis dans la revue médicale The New England Journal of Medicine
  • 23% des femmes qui ont une IVG prenaient la pilule

    Source : Etude Cocon et Fecond pour la Chaire Unesco Santé Sexuelle et Droits Humains.
Tour d’horizon des moyens de contraception. Illustration par Mathilde Angevin.

A 19 ans, j’arrête de la prendre. Je ne veux plus d’hormones, je préfère avoir mes vraies règles. Je prends un risque insensé en n’usant d’aucun autre moyen contraceptif que le préservatif pendant 4 ans. Et, parfois, la pilule du lendemain. Jusqu’au jour où je rencontre enfin une jeune femme de mon âge, ou à peu près, qui m’annonce avoir choisi le stérilet. Super intriguée, je la couvre de questions, et elle me rassure… Enfin presque, parce qu’elle m’a aussi dit avoir eu « vraiment trop trop mal » après la pose.

Qu’est-ce qu’un DIU ?

C’est l’acronyme de Dispositif Intra-Utérin. Il en existe un en cuivre, celui dont je vais plus précisément vous parler, et un hormonal. Fait de polyéthylène, sa base est entourée de fils de cuivre. Sa forme de T et ses petites branches arrondies et flexibles facilitent l’insertion et lui permettent d’épouser les formes de l’utérus. A son extrémité, deux fils fins grâce auxquels on peut le retirer et vérifier sa présence une fois installé (oui, un peu comme un tampon). Je précise que mon partenaire n’a pas été gêné par (et n’a même pas senti) les fils.

Dans le cas du stérilet non-hormonal, c’est le cuivre qui agit sur les spermatozoïdes en les empêchant de parvenir jusqu’aux trompes. De la même façon, il empêche l’œuf fécondé de s’implanter dans l’utérus.

Illustration par Mathilde Angevin

A celles qui répliqueraient ne pas souhaiter se faire insérer un objet en cuivre dans le corps, je répondrais que c’est légitime, mais qu’avaler une substance toxique tous les jours pendant des années ne me paraît pas être une meilleure solution.

Efficace le stérilet ?

Très. Dès l’instant qu’il est posé, il est efficace à 99,9%. Pratique, aussi, puisque vous n’avez plus rien à faire pendant 3 à 5 ans (4 ans pour les femmes nullipares selon mon gynéco). TRANQUILLITÉ D’ESPRIT.

C’est finalement à 23 ans que je choisis de franchir le pas (et j’ai un peu honte de l’avouer mais je pense qu’inconsciemment il a fallu que ma mère finisse par revenir sur son point de vue grâce à un médecin pour que je me lance). Elle me recommande un gynécologue et une fois assise devant lui, il parvient à me mettre presque instantanément à l’aise et ce, même si c’était la première fois que je faisais face à un gynécologue homme.

« Ah mais oui, moi je suis pro-stérilet ! Je le recommande à toutes les jeunes femmes. »

Ce fut un réel soulagement de l’entendre pour la première fois de la bouche d’un médecin. Cela étant donné, je recommande vivement de choisir son gynécologue avec le plus grand soin, c’est sur lui ou elle que repose le bon déroulé de l’opération et sur sa capacité à vous rassurer, à vous détendre et à vous écouter.

Comment se passe la pose du DIU ?

Il vous faut être déjà munie de l’objet avant le rendez-vous (soyez prévoyante parce qu’il faut le commander en pharmacie, en général). Il m’a prescrit un stérilet dit mini, plus petit que celui que l’on pose chez les femmes qui ont accouché. Il s’agissait du Mona Lisa Cu380 Mini (2,4 cm ± 0,2 mm de large et 3 cm de long). La pose se fait après un examen de l’ouverture de votre col (pour ma part j’ai eu droit à une échographie) ainsi qu’un test d’infection récent. Il est conseillé de le faire poser quelques jours après la fin de vos règles.

Vous êtes ensuite assise, les talons en hauteur comme pour un frottis. Soyons honnête, la pose n’est pas des plus agréables, c’est vrai. Mais en ce qui me concerne, rien à voir avec les cris de panique que j’ai pu trouver sur internet avant mon rendez-vous. D’autant plus que je n’avais pris aucun anti-douleur avant et que mon utérus est retro-versé, ce qui demande une petite manipulation supplémentaire. C’est cette manipulation qui m’a fait un peu mal ; disons que j’ai ressenti la même douleur qu’un jour de règles particulièrement douloureux, pendant une trentaine de secondes. D’accord, de base, je ne suis pas la plus douillette mais je vous assure que ce n’est pas si terrible que ça.

Au bout de deux minutes, c’est terminé. Il m’a recommandé de ne pas me relever tout de suite, puis j’ai été libre de mes mouvements. Il faut s’attendre à saigner un peu suite à la pose.

Vous pouvez ensuite faire autant de sport que vous le voulez, rien n’est contre-indiqué.

Quels désavantages au stérilet ?

Nous ne vivons malheureusement pas encore dans un monde où il existe une contraception sans le moindre désagrément provoqué. Disons que le DIU en cuivre est l’opposé total de la pilule : vous avez vos vraies règles, qui sont parfois plus abondantes et plus douloureuses. J’ai lu pas mal de témoignages de femmes qui ont eu très mal à la suite de la pose. Pour ma part, seulement quelques contractions et saignements dans les jours qui ont suivi, ce qui est normal (la pilule peut également provoquer des saignements dans les semaines qui suivent). J’ai eu un rapport dès le lendemain de la pose, sans souci. Puis, mes règles sont arrivées une semaine en avance et ont duré 7 jours. Il est tout de même important de rappeler que j’avais arrêté la pilule 4 ans avant la pose de DIU, ce qui signifie que j’étais habituée à la sensation de mes règles naturelles. Une femme qui passe de la pilule au DIU directement pourrait peut-être vivre la transition moins bien. Aussi, je pense que c’était complètement psychologique, mais j’avais l’impression de sentir le stérilet les premiers jours, sensation qui disparaît assez vite.

Attention, il faut tout de même prendre en considération les risques d’éjection et de déplacement de l’objet, il est conseillé de rendre visite à son gynécologue 1 à 3 mois après la pose, puis de façon annuelle.

Pour moi, tout ça vaut bien mieux qu’une prise d’hormones, et les risques cardio-vasculaires qui vont avec (entre autres, je vous invite à lire ce très bon article, qui complète mon propos). D’autant plus que pour la pilule aussi, il y a un ou deux mois incertains de mise en place du traitement.

Les contre-indications ?

Grossesse, malformation utérine, valvulopathie, cancer du sein pour stérilet hormonal, infection récente. Avant de vous poser le DIU, le ou la gynécologue s’assure que vous êtes bien en état de le recevoir.

Pourquoi faire l’éloge du DIU cuivre ?

Je trouve, et c’est mon point de vue, que c’est la meilleure contraception féminine disponible aujourd’hui, puisque c’est la seule sans hormone. Au-delà de ces considérations personnelles, il est inadmissible que certains médecins aujourd’hui continuent de choisir la contraception de leur patiente à leur place, profitant de leur confiance ou de leur naïveté. Je connais très peu d’adolescentes de 16 ans qui sachent qu’elles ont accès au DIU. C’est un âge où l’on oublie plus facilement un cachet, où l’on ne saisit pas encore tout à fait les dangers de la pilule du lendemain. Et pour celles qui sont renseignées et qui le veulent, il est fondamental qu’elles soient soutenues.

Illustration par Mathilde Angevin

A toutes celles qui ont fait l’expérience d’une pose, n’hésitez pas à la partager en commentaires. Tous les témoignages sont les bienvenus, mais j’encourage particulièrement celles qui l’ont bien vécu à le faire savoir. On a tendance à moins en parler quand ça se passe bien ! J’aurais simplement aimé être entendue par ma gynécologue quand je lui ai demandé, plutôt que de prendre les risques que j’ai pris jusqu’à aujourd’hui.

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