En matière de santé sexuelle, l’information n’est pas optimale en général, mais pour la sexualité lesbienne, on est proche du néant. Les campagnes d’information et de sensibilisation sur les risques sexuels mentionnent très peu les femmes lesbiennes et bisexuelles. Entre tabou, lesbophobie et stigmatisations dans le monde médical, le manque d’information règne. Pourtant des risques existent également pour ce public et le premier moyen de prévenir les IST est d’être bien informée.

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« Le sexe entre femmes, ce n’est pas vraiment du sexe ». FAUX !

Cette phrase est un des préjugés négatifs sur la sexualité lesbienne pointé dans le Rapport sur l’Homophobie 2019 de l’association Sos Homophobie.

Cette croyance lesbophobe (combinaison d’homophobie et de sexisme envers les lesbiennes) a pour conséquence de limiter l’intérêt porté aux risques de la sexualité lesbienne. Les professionnels de la santé, comme le montre une étude de l’université de Genève 1https://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-01925322/document , partent souvent du principe que leurs patientes sont hétérosexuelles.

L’enquête 2015 de SOS Homophobie expliquait que plus d’un tiers des cas de lesbophobie dans le domaine de la santé impliquait un-e gynécologue. L’hétéro-normativité (partir du postulat qu’une personne est forcément hétérosexuelle) des soignant-es peut être involontaire et ne pas forcément relever de l’homophobie, mais elle a des conséquences négatives. Les femmes lesbiennes vont avoir un suivi gynécologique moins adapté et moins régulier que les femmes hétérosexuelles.

Penser que la sexualité lesbienne n’en est pas vraiment une est lesbophobe.
Cela trahit une pensée phallocentrique de la sexualité.
Le « vrai » sexe ne se limite pas à la présence d’un pénis pénétrant.

Le corps de la femme et toute sa capacité érotique ne dépendent pas d’une sexualité reproductive. Cette pensée pousse à croire que les femmes lesbiennes ne nécessitent aucun soin gynécologique et sont « immunisées » contre les infections.

Comment penser que c’est utile de consulter, quand toutes les campagnes de prévention et ressources à disposition annihilent sa sexualité ? En lisant des témoignages de visites gynécologiques de lesbiennes, on comprend les réticences.

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Quels risques d’IST et MST pour la sexualité lesbienne et bisexuelle ?

Des études affirment que 95% des lesbiennes ne se protègent jamais et qu’une sur trois ne s’est jamais faite dépister. Les lesbiennes ne se sentent pas toujours concernées par les Infections Sexuellement Transmissibles, car les infos sont toujours orientées vers les hétéros ou les hommes gays.

Pourtant, les lesbiennes entreraient généralement plus tôt dans la vie sexuelle. Elles ont des pratiques plus diversifiées, avec plus de partenaires en moyenne que les femmes hétérosexuelles. Elles auraient aussi trois fois plus d’IST que les hétérosexuelles, selon SIDA’SOS et Tels Quels. Les stéréotypes sur la sexualité lesbienne les expose donc plus aux risques que les femmes hétérosexuelles.

deux femmes lesbiennes allongées dans un lit
Photo by RDNE Stock project on Pexels.com

Les vulves sont des muqueuses qui peuvent être sujettes à tous types d’infections pour les femmes lesbiennes et bisexuelles :

  • des champignons (mycoses etc.), qui peuvent se soigner
  • des infections (chlamydia, syphilis etc.) qui peuvent se manifester par des brûlures et être soignées par des traitements. On peut s’en protéger également (voir la partie sur les moyens de protection ci-dessous).
  • le papillomavirus humain (PVH) qui se transmet sexuellement entre hommes et femmes et entre femmes. Il est responsable du cancer du col de l’utérus
  • l’herpès très contagieux
  • le VIH qui se transmet par le sang et les sécrétions (ex : une des femmes a couché avec un homme et il y a des lésions buccales ; il y a eu injection avec une seringue ; ou cunnilingus pendant les règles…)
  • l’hépatite B qui se transmet par la salive (vaccin existant)
  • l’hépatite C qui se transmet par le sang

Quels sont les moyens de protection sexuelle pour les lesbiennes et bisexuelles ?

  • La digue dentaire ou carré de latex ou préservatif féminin. Elle se place sur la vulve ou l’anus en utilisant du lubrifiant. On la trouve en pharmacie, dans les assos LGBTQI+ et de santé sexuelle. Sinon, il est possible de la faire à la maison, avec l’aide d’un préservatif en latex. Il ne faut pas utiliser à deux la même digue, chaque partenaire a sa digue qui est à usage unique
  • La capote, à utiliser avec ses sextoys et pour pénétrer sa partenaire. Il faut la changer à chaque partenaire ou changement d’orifice
  • Gant en latex, polyuréthane ou caoutchouc, à utiliser avec un gel lubrifiant à base d’eau. Il faut le changer à chaque partenaire ou changement d’orifice
  • Doigtier en latex, à changer entre chaque partenaire et orifice, idéalement utilisé avec du lubrifiant
Image d'illustration digue dentaire

Adresses et infos utiles

Pour plus d’informations, on recommande grandement le site belge Gotogyneco.be. Ce site met à disposition des informations fiables, et les internautes peuvent recommander et trouver des professionnel-les de santé lesbo-friendly. Le site s’adresse également aux sages-femmes, généralistes, gynécologues qui souhaitent améliorer leurs pratiques envers ces patientes.

Le site Flash Info Fouffes, « site de prévention féministe fait par et pour les lesbiennes et personnes à chatte ».

Suivez également la page Youtube Viens Voir Le Docteur spécialisée sur la santé des lesbiennes.