Les règles sont de moins en moins taboues et on voit émerger de plus en plus de solutions pensées par et pour les femmes en terme de protections hygiéniques. Tampons et serviettes bio, culottes de règles, protections réutilisables et bien sûr, l’incontournable cup. Mais comme souvent dans toute vraie révolution, il y a un fait tellement énorme qui est là, juste devant nous et qu’une savante construction sociale nous a toujours empêché de voir : nous n’avons en fait pas besoin de protections, il suffit de pratiquer le flux instinctif !
Remettre les constructions sociales à leur place
Laissez-moi vous parler du flux instinctif. Il s’agit d’être assez à l’écoute de son corps pour savoir quand les règles arrivent et de tout simplement aller aux toilettes pour relâcher le flux. Ça parait bête comme bonjour, pourtant on me targue souvent de l’épithète de folle ou héroïne (au choix) quand j’en parle. “C’est impossible de savoir”, “Moi je ne sens rien”, “Comment tu fais pour te retenir du coup ?” – le secret c’est d’être à l’écoute. Il y a bien plus de muscles au niveau du périnée et dans le vagin qu’au niveau de la vessie, alors pourquoi serait-on capable de se retenir de se pisser dessus et pas de saigner ? Je ne vous apprends rien quand je vous dis que cette zone est aussi extrêmement sensible (coucou le clitoris, ma terminaison nerveuse préférée), alors dire qu’on ne peut “physiquement” rien sentir, c’est un comble.
Mon humble avis, c’est que le marketing et le patriarcat ont fondé de toutes pièces cette construction sociale : la femme saigne, c’est dégueu, elle ne peut pas se retenir, du coup on lui vend des couches très cher. Théorie du complot me direz-vous ? Franchement, calculez combien vos protections vous coûtent, multipliez par le nombre de femmes dans le pays et vous verrez assez vite que la mascarade rapporte gros.
En plus de nous inférioriser insidieusement en nous faisant croire que nous ne pouvons pas complètement maîtriser notre corps. Ne serait-il pas temps d’y mettre le holà, franchement ?
Flux instinctif : des avantages pour le portefeuille, la santé et l’environnement
Ça fait personnellement plus d’un an que je suis en flux instinctif total et que je n’achète plus du tout de protections. Honnêtement, ça me change la vie. Déjà, les économies évidemment. Mais je ne suis plus jamais à court de protections, à courir d’une collègue à l’autre en gesticulant et chuchotant frénétiquement. Ou à développer des techniques ninja pour faire passer l’objet du délit de main en main jusqu’à la délivrance du trône. J’avais aussi testé la cup (coupe menstruelle), mais ayant un flux très abondant, elle se remplissait avant la fin de la journée (oui, même la grande). Vous le voyez, ce moment gênant, où tu te retrouves à aller la laver à l’évier commun, du PQ entre les jambes en attendant… le tout en espérant que personne ne te reprenne ta place aux toilettes ? L’enfer.
Mais au-delà de ces petites péripéties matérielles, ç’a eu un gros impact sur ma santé. J’ai toujours été terrorisée par le syndrôme du choc toxique lié à un port trop prolongé du tampon. Mais surtout je faisais des cystites et autres infections vaginales sexy à répétition. C’était tellement violent et fréquent que j’ai fini à l’hôpital plus d’une dizaine de fois. Sachez que les produits qui entrent dans la composition de vos protections hygiéniques assèchent vos muqueuses et dérèglent votre flore vaginale, laissant le champ libre à la prolifération de bactéries et autres champignons. Depuis que je pratique le flux instinctif, je n’ai plus eu une seule infection.
Je n’y pense même plus en fait, à mes règles. J’ai la chance qu’elles ne soient pas douloureuses, et sans les SPM (Syndrômes prémenstruels), ça passerait comme une lettre à la poste. Je vais instinctivement aux toilettes quand le besoin s’en fait sentir. Mon corps a même compris tout seul que la nuit, je dors, et comme une grande, je ne coule plus au lit. Pour l’anecdote, j’ai fait un trek de 10 jours dans le désert australien, en mode camping sauvage à la dure. Evidemment, j’ai eu mes règles. Bah j’étais bien contente de ne pas me trimballer mes tampons usagés par 35° ou d’avoir à recourir au système D pour stériliser ma cup !
Enfin, on n’y pense pas assez, mais se débarrasser des protections classiques, c’est aussi faire un gros bisou à l’environnement. On réduit la consommation de coton et autres éléments toxiques, et on réduit sa production de déchets. La planète vous dira merci.
Ok pour le flux instinctif, mais concrètement, je fais comment ?
On ne va pas se mentir, ça demande de l’entraînement au début. C’est un peu comme apprendre à un bébé à aller au pot. Il faut refaire cette démarche d’essai, d’écoute, et de confiance envers son corps. En plus de dépasser un acquis social bien ancré. Mais comme je vous l’ai expliqué plus haut, le jeu en vaut la chandelle ! Peu importe votre flux, vous pouvez pratiquer le flux instinctif. Il s’agit seulement de se l’autoriser. Pour rappel : on a l’impression de perdre des litres de sang, mais en fait, les écoulements représentent en moyenne 45mL, soit 3-4 cuillères à soupe. Ça va Senna !
Y aller par petites étapes
Au début je gardais mes protections, mais j’ai essayé d’être attentive à toutes mes sensations en période de règles : qu’est-ce qui se passe là en bas ? Est-ce que je sens les mouvements de mon utérus qui se contracte ? Est-ce que je sens l’écoulement de l’intérieur ? Je me suis vite rendue compte que oui, que je n’y avais juste jamais prêté attention auparavant. Ensuite j’ai essayé de prévoir quand ça allait couler et d’aller vérifier si j’avais bon aux toilettes (je me faisais un high five solo à chaque victoire).
Etape suivante, anticiper
J’avais toujours une protection, mais le but était de la garder intacte le plus longtemps possible. Mais, le mieux c’est de se lancer dans le grand bain et de les enlever quand on se sent prête. Faites-le dans un contexte apaisé les premières fois, en étant sûre d’avoir facilement accès à des toilettes – car oui, vous irez fatalement plus souvent aux toilettes dans la journée, surtout au début. Je vous conseille aussi de ne pas mettre des culottes auxquelles vous tenez trop les premières fois en cas de ratés, ni de pantalons blancs (sauf si vous aimez vraiment le défi hein, je ne juge pas !).
Faire des exercices de musculation du périnée
Cela accélère le processus. Il y en a plein en ligne ou vous pouvez utiliser des boules de geisha comme les Bloom de We Vibe par exemple. Petit bonus : vous aurez de meilleurs orgasmes, votre partenaire mâle s’il y a lieu aura plus de plaisir, et vous tablez sur le futur. Un périnée musclé est gage d’une meilleure récupération après accouchement et de moins de fuites urinaires en vieillissant. Manquerait plus que votre chatte se mette à faire le café ! Blague à part, votre corps est votre ami. Aimez-le et faites-lui confiance.