En France, 31 000 femmes sont victimes de viol conjugal chaque année. Le court-métrage « Je suis ordinaire » présenté au Nikon Film Festival montre avec efficacité à quel point cet acte est effectué par des personnes ordinaires, dans un quotidien banal, et non pas par des psychopathes dignes des pires films d’horreur. Un excellent moyen de rappeler en quelques images que le viol conjugal peut concerner chacun-e de nous. À partir du moment où l’acte est effectué sans consentement des deux parties et sans considération du refus de l’autre : c’est un viol.

Le viol conjugal : si votre partenaire n’a pas envie et que vous forcez l’acte, c’est un viol

Avant tout commentaire supplémentaire, regardez tout d’abord le court-métrage « Je suis ordinaire » ci-dessous, qui dure seulement 2 minutes, réalisé par Victor Habchy et scénarisé par Chloé Fontaine, également actrice principale. On y voit un couple, tout ce qu’il y a de plus banal, en train de discutailler sur le film à regarder ensemble. Soudain son copain la désire, et bien qu’elle lui dise explicitement qu’elle n’est pas d’humeur et n’a pas envie, il la pénètre quand même sans se soucier d’elle. Attention, les images peuvent choquer, notamment si vous avez été vous-même victime de ce type d’abus. Ci-dessous :

Luttons contre la banalité du mal

« Les monstres, ça n’existe pas. C’est notre société, c’est nos amis, c’est nos pères. » 

Ces paroles d’Adèle Haenel, dans son intervention choc à Mediapart pour dénoncer les abus pédocriminels dont elle a été victime au début de son adolescence, sonnent telle une maxime à apprendre par cœur. En effet, les violences sexistes et sexuelles ne sont pas le fait de psychopathes dans une rue sombre, comme on aime à le montrer dans les films. #MeToo l’a bien rappelé. Selon le Secrétariat d’Etat chargé de l’Egalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations, 225 000 femmes en moyenne sont victimes de violences physiques et/ou sexuelles de la part du conjoint (tous les chiffres officiels ici). En 2019, 149 femmes ont été tuées par leur partenaire ou ex-partenaire intime officiel (conjoint, concubin, pacsé ou « ex ») ou non officiel (petits-amis, amants, relations épisodiques…), ce qui fait 29 victimes de plus qu’en 2018.*

#metoo
Photo de Lum3n

Le viol conjugal est reconnu dans la loi depuis 1990 (si tard !) et pose la question du consentement entre les partenaires. Avant cette loi, il était admis qu’il y avait un « devoir conjugal » à remplir. On peut noter qu’en 1832, le Code pénal indiquait même  « Un mari qui se servirait de la force à l’égard de sa femme ne commettrait point le crime de viol… » ! Pour plus d’informations à ce sujet, on vous invite à lire l’article de France Culture « Devoir conjugal contre viol conjugal : histoire d’une reconnaissance laborieuse ».

Un Grenelle des violences conjugales a été lancé le 3 septembre 2019 par le gouvernement. Il présentait une quarantaine de mesures permettant de mieux faire connaître le numéro d’écoute anonyme et gratuit, dédié aux victimes de violences conjugales, le 3919, disponible 24/24 et 7/7. Pour voir l’ensemble des mesures, rendez-vous sur le site officiel du gouvernement.

Il faut continuer de nous mobiliser ensemble et d’œuvrer contre le sexisme et les effets néfastes du patriarcat sur les rapports hommes-femmes. Nous pouvons avoir une autre société, si nous le décidons tous-tes ensemble.

*http://www.leparisien.fr/faits-divers/2019-l-annee-noire-des-feminicides-en-france-03-01-2020-8228658.php

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