Transgressive, toujours passionnée, la grande ex-Katsuni en a fait saliver plus d’uns avec son physique hors du commun et son réel amour pour le porno. Si l’ex-Katsuni a dévoilé bien plus que son intimité au cours de sa carrière, en se donnant au-delà de toutes les limites physiques, connaissez-vous vraiment Céline ? La femme qui a construit ce personnage du X mondialement connu, vous inspirera probablement encore plus. Retour sur la ré-édition du livre de Céline Tran, Ne dis pas que aimes ça. Spoiler alert : on a adoré.

Livre Ne dis pas que tu aimes ça de Céline Tran

L’ovni de l’industrie du X

S’il y a bien un livre féministe à lire en ce début d’année 2023, c’est bien : Ne dis pas que tu aimes ça de Céline Tran, ex-Katsuni star mondiale de l’industrie pornographique. On y découvre le parcours d’une jeune femme atypique, au caractère introverti, dotée d’une force impressionnante, qui s’est toujours démarquée de son clan. Un ovni parmi chaque groupe dans lequel elle a évolué. Un monstre de talent dans chaque sphère qu’elle a occupé.


Enfant et adolescente, elle grandit dans une famille franco-vietnamienne plutôt conservatrice et religieuse. Les règles sont dures et la liberté occupe une place discutable. Mais déjà rebelle, on découvre une Céline qui tient tête à ses parents concernant l’intégralité de ses choix de vie. 

Des concessions, hors de question ! Alors, quand il vient le temps pour elle de se lancer dans le monde de la nuit, elle préfère mentir que de se couper les ailes. Au diable les qu’en-dira-t-on, c’est au monde de s’adapter à elle, pas l’inverse. Un mojo qui inspire, l’envie de montrer qu’elle existe, avec ses propres désirs, souvent en opposition avec ses éducations et les valeurs de sa famille. Après un essai à Sciences Po, Céline s’oriente vers des études de lettres modernes, tout en s’essayant à l’art de l’effeuillage en club.

À ce sujet, elle dit : 

« J’avais envie d’expérimenter et le besoin de le faire à travers la sexualité me paraissait évident, pour moi qui à 21 ans ne me voyais pas encore comme une femme. D’ailleurs ce ressenti est arrivé bien plus tard. A la base, je suis une fille timide et réservée, jouer les actrices porno était un bon délire, un jeu. Mais quand je me lance dans quelque chose et que ça me plaît, je vais jusqu’au bout, je ne connais pas trop la demi-mesure. En gardant l’esprit du jeu, le test s’est transformé en choix de métier, de vie, puis est devenu une carrière ».

Ne dis pas que tu aimes ça, Céline Tran

Parmi les camarades de son âge, Céline dénote aussi. Au même titre que parmi les autres actrices et acteurs porno. La jeune femme n’est jamais dans le cliché, toujours là où on ne l’attend pas. Si elle aime le sexe, et adore encore plus le revendiquer, c’est auprès de son chat et habillée jogging-hoody qu’elle s’est toujours sentie le plus à l’aise.

Quand elle discute, plus tard, avec ses collègues actrices américaines, elle se rend compte à quel point elles sont différentes. Quand les autres poussent les limites de la bienséance en s’exerçant à des pratiques toujours plus extrêmes, pour espérer faire monter leur cachet, celle qu’on appelait Katsuni, les propose depuis des années, et ce par plaisir. Ou peut-être était-ce bien déjà Céline ?

Plus qu’une actrice, une performeuse

Si le livre est une ode à la libération, dont on perçoit dès le début qu’il nous contera le récit de la fin de sa carrière, il salue également la carrière incomparable de l’ex Katsuni.

De 2001 à 2013, la vedette du X a fait sa carrière en France puis aux USA. Elle est devenue à la fois productrice, réalisatrice de ses propres films et a obtenu plus de 30 prix et reconnaissances dans le domaine : divers AVN Awards, dont trois pour la meilleure actrice étrangère et deux Hots d’or. Sa carrière, elle l’a construite auprès de personnes en qui elle faisait confiance. En 2000 par exemple, devant la caméra d’Alain Payet, un vétéran du hard devenu son meilleur ami, pour son tout premier film chez Penthouse.

Jusqu’au-boutiste, elle est encore étudiante en lettres lorsqu’elle tourne L’Affaire Katsumi pour Marc Dorcel. Katsumi étant le premier nom de scène qu’elle n’a plus eu le droit d’exploiter par la suite. En effet, attaquée en justice en France par une femme, qui dit subir des retombées négatives en raison de leur homonymie.

Ce qui aura fait sa réussite ? Sa voracité sexuelle, sa jouissance réelle à l’écran, son amour pour l’autre, qu’elle décrit dans le livre à travers divers fantasmes qu’elle se raconte quand elle tourne à l’écran. 

Une femme en quête d’elle-même

Céline Tran aime le sexe, et nous prouve que pour le revendiquer il faut une sacrée paire d’ovaires. Mais, le plus difficile est surement de se l’avouer à soi-même. 

On apprécie partculièrement la façon dont elle dévoile certains de ses combats intérieurs : celui d’obtenir le regard et une reconnaissance de ses parents (un passage du livre pourrait vous faire verser quelques larmes), qui ont fini par savoir quel était son métier sans jamais le mentionner ; arriver à construire une relation équilibrée avec un homme ; mais enfin, et surtout, sa grande quête d’elle-même. On comprend pendant tout le long du roman que Céline Tran est une femme comme vous et moi, qui a des rêves et fait ses choix, dans le but d’arriver à son équilibre, à sa meilleure version d’elle-même à chaque épisode de sa vie.

Quand elle décide, en 2006, d’avoir recours à une augmentation mammaire, elle justifie ainsi : « Je voulais sentir le poids de ma poitrine, perdre ma silhouette que je trouvais alors trop juvénile. C’était là une étape symbolique sur mon chemin pour me sentir « femme » ».

Céline Tran a aussi décidé d’arrêter sa carrière quand elle a ressenti qu’il était temps, qu’elle n’était plus en phase avec les valeurs de l’industrie pornographique :

« J’ai vraiment aimé mon voyage dans ce milieu mais au bout de treize ans je sentais qu’il ne me « nourrissait » et ne m’inspirait plus ».

Ne dis pas que tu aimes ça, Céline Tran

Depuis, l’intello de la classe n’est pas restée les bas croisés. Toujours avant-gardiste, elle a lancé son propre cabinet de coaching en sexualité à Paris (depuis 2018). Elle a également suivi une formation très solide en arts martiaux, une de ses passions, tout en obtenant une certification de masseuse bien-être. Un parcours solitaire mais qui donne le tournis. 

Si vous désirez lire le parcours d’une femme authentique, sans faux-semblant, qui dit ce que personne n’ose dire, quitte à vivre seule et pointée du doigt, procurez-vous sans hésiter Ne dis pas que tu aimes ça !

« Ne dis pas que tu n’aimes pas ça », Céline Tran. (Editions La Musardine).
Fan de Céline Tran, retrouvez notre article sur une rencontre hors du commun avec « la guerrière en talons aiguilles ».