Et si, dans un futur pas si lointain, le sexe devenait le seul langage possible pour penser le monde ? Avec Pornografia, l’autrice italienne Alice Scornajenghi signe une œuvre inquiétante : une dystopie sexuelle où l’érotisme se fait manifeste politique. Entre pandas dominants, humain·es miniaturisé·es et jouets connectés, bienvenue dans un univers où le plaisir se conjugue à la démesure.

Quand la dystopie bande (fort)

Dans Pornografia, tout commence comme une série de nouvelles futuristes un peu perchées… et tout finit en orgasme cérébral. Les récits d’Alice Scornajenghi nous transportent dans des mondes où la sexualité structure la société : des humains réduits à l’état de cobayes pour pandas conquérants, des technologies capables de vous transformer en sextoy miniature (Small With You™), des « sperm detox » ou encore un Messie capable d’exaucer le fantasme le plus fou pendant vingt-quatre heures.

Sous ses airs de délire littéraire, Pornografia questionne. Et si la domination, la métamorphose, la perte de contrôle étaient les derniers espaces possibles de résistance ?

Un roman sous acide

Loin du simple roman érotique, le texte d’Alice Scornajenghi est un trip sensuel, où semble pointer une révolte politique. Le sexe bouge les hiérarchies (humain·es vs animaux, hommes vs femmes, corps vs machine) et ridiculise le pouvoir. L’autrice s’amuse de toute évidence de nos obsessions contemporaines : le contrôle du corps, la technologie omniprésente, le consentement flou dans un monde saturé d’images.

Pornografia est un mélange de pornographie et de science-fiction déjantée. On se laisse porter entre frissons et malaise, un peu comme devant un épisode de Black Mirror. Soyons honnêtes, dès le départ le livre n’est pas hyper confortable.

Mais derrière la provocation, il y a une vraie question : que nous reste-t-il du désir dans une société qui le consomme comme un produit ?

Pornografia, Alice Scornajenghi, éditions La Musardine. 19,50 €.