Sodomie. Un mot qui génère bien des fantasmes et des imaginaires. Certaines l’adorent, d’autres la détestent et d’autres la craignent. Faut-il oser ou pas ?

La sodomie, c’est interdit ?

Je pense que vous serez d’accord avec moi, si je vous dis que le mot « sodomie » inspire d’emblée la transgression, l’interdit, le sale, le péché. Ouais, mais pourquoi en fait ?

Bon, pour rappel au cas où, la sodomie consiste à recevoir le pénis d’un homme (ou un gode éventuellement) dans l’anus. Rien que dans la définition, on a un indice de l’embarras que peut représenter cette pratique sexuelle. La sodomie implique une pénétration dans un trou plutôt destiné à la défécation au départ. Pas hyper excitant comme pensée de prime abord.

Mais si la sodomie évoque plutôt naturellement et inconsciemment une activité négative dans beaucoup d’esprits, il semblerait que ce soit d’abord dû à l’influence de la religion. Juste pour le contexte étymologique, « sodomie » vient de « Sodome », une ville qui selon la Bible a été détruite par Dieu parce que ses habitants avaient tenté de violer des Anges de Dieu  ! Avec une origine linguistique pareille, on était mal barré pour n’entendre aucune transgression derrière le mot sodomie. On a été bien conditionné psychologiquement. Dans certains pays d’ailleurs, elle est même condamnée par la loi, comme le Cameroun, l’Algérie ou l’Arabie Saoudite. Et c’est seulement depuis 2003 qu’elle est légale dans tous les états aux Etats-Unis !

La sodomie, c’est sale ?

C’est donc une pratique sexuelle qui, du fait de l’endroit du corps où elle a lieu et de l’imaginaire construit autour de son nom, paraît sale par essence. Avant de pratiquer une sodomie, il est bien sûr recommandé de prendre quelques petites précautions hygiéniques pour éviter les accidents malheureux, mais aussi de se protéger comme pour tout acte sexuel pour éviter des transmissions d’infections. À ce sujet, je vous recommande absolument (!) de lire cet article très complet de l’excellent blog sexo Nouveaux Plaisirs : Le plaisir anal, hygiène et quelques conseils. Cependant, une fois ces bons conseils suivis, si vous avez le désir de la pratiquer, êtes sûre de vous, il n’y a pas à se gêner pour un embarras hygiénique. Ce n’est pas une pratique sexuelle nécessairement plus sale que toute autre, à condition de bien la préparer en amont.

La sodomie, ça fait mal ?

Autre aspect rebutant de la sodomie, on a souvent peur que ça fasse mal. C’est vrai, c’est quand même plutôt bien serré par là et semble bien moins extensible que le vagin. Il est bien sûr recommandé d’utiliser un lubrifiant avant toute pratique. C’est possible sans, mais il est plus que vivement recommandé de ne pas s’y risquer. C’est mieux aussi si la personne ne rentre pas directement son sexe/son sextoy en vous. Ça peut être bien de commencer par mettre un doigt ou deux pour préparer le terrain, que vous soyez plus détendu-e et surtout bien assez excité-e pour la suite. Cela paraît basique à dire, mais c’est toujours bon de le rappeler : le faire avec une personne de confiance, qui nous respecte, avec qui on se sent bien et en sécurité est également essentiel.

Une fois ces conditions réunies, il ne faut pas s’en faire une montagne, la sodomie n’est pas systématiquement synonyme de vivre-une-douleur-atroce ! Cependant, il faut la préparer avec douceur, ne pas être stressé-e et s’assurer de son envie, car mal préparée, cela peut effectivement être douloureux.

La sodomie, ça fait de moi une « S» ?

Enfin, la sodomie fait peur en tant que femme, parce que pratiquer la sodomie c’est être une salope, dans la tête de certain(e)s. Si se faire plaisir c’est être une salope, où est le problème avec ce terme ? Les femmes sont souvent traitées de salope pour tout et rien de toute façon. Si une femme devait se priver de tout ce qui la fait passer pour une salope niveau sexe, on ne s’en sortirait pas ! C’est vrai que la sodomie met d’emblée dans une posture de soumission à l’autre, au même titre finalement qu’une levrette. Mais, si on prend du plaisir dans ces positions, il n’y a aucune raison de s’en priver.

La sodomie, agréable ou pas ?

Parce qu’il ne faut pas se poser uniquement des questions négatives sur la sodomie, oui, il est possible de prendre beaucoup de plaisir et d’avoir un orgasme en se faisant pénétrer de cette manière quand on est une femme. La sensation de pénétration est différente de la sensation de pénétration vaginale et l’orgasme aussi. Toutes celles qui ont vécu un orgasme anal s’accordent à dire que l’orgasme anal est puissant, d’une intensité indescriptible qui parcourt tout le corps et prend racine dans vos entrailles ! Rien que ça.

Par ailleurs, le sexe anal chez les hommes n’est absolument pas réservé aux homosexuels, contrairement à un cliché qui résiste dans la société. Le plaisir anal masculin est un sujet tabou, pourtant « le point G » des hommes – dit « point P »- se situerait là, au niveau de la prostate. Nous avons interrogé plusieurs hommes sur leur expérience du sexe anal dans l’article Sexe anal : les hommes en parlent et vous invitons également à écouter le podcast intéressant des Couilles sur La Table intitulé « Les orgasmes masculins ».

En conclusion, la sodomie c’est comme tout dans le sexe, le plus important c’est de la pratiquer avec envie ! Si c’est une pratique sexuelle qui ne vous excite pas, qui ne vous intéresse pas, aucune raison de l’essayer. De la même façon qu’on ne mérite pas de se sentir honteuse ou honteux de la pratiquer, ne pas vouloir de sodomie ne signifie pas qu’on est une grosse « coincée ». En revanche, si elle fait partie de vos fantasmes, que vous vous sentez en confiance pour l’essayer, pourquoi se priver ?