C’est le seul organe humain dédié exclusivement au plaisir. Pourtant, l’histoire du clitoris est marquée par l’invisibilisation, en particulier dans les sociétés occidentales. Cette invisibilisation, souvent liée au patriarcat, à la médecine sexiste et à l’éducation incomplète, n’est cependant pas une réalité universelle.
Une invisibilisation millénaire en Occident
Depuis l’Antiquité, la sexualité féminine a été reléguée au second plan en Occident. Tandis que le plaisir masculin était étudié et valorisé, le clitoris était soit effacé, soit présenté comme inutile à la reproduction, et donc sans intérêt scientifique ou social.
Jusqu’au 19e siècle, certains médecins allaient même jusqu’à l’associer à des « dérives » sexuelles comme la masturbation féminine, considérée à l’époque comme dangereuse pour la santé. Résultat : le clitoris disparaît littéralement des manuels d’anatomie, y compris ceux utilisés dans les écoles de médecine.
Le poids des religions et du patriarcat
En Occident, les normes religieuses et patriarcales ont contribué à faire du plaisir féminin une menace, un tabou. Le clitoris, parce qu’il ne participe pas à la reproduction, a été rendu honteux, invisible ou médicalisé comme source de « dérives sexuelles ».
Une histoire du clitoris plus complexe dans les cultures du Sud
L’excision : une violence faite au clitoris
Dans de nombreuses régions d’Afrique, d’Asie ou du Moyen-Orient, le clitoris n’a pas été ignoré, mais au contraire ciblé par des pratiques violentes comme les mutilations génitales féminines (excision, infibulation…).
Pratiquées au nom de traditions, ces mutilations visent à contrôler la sexualité des femmes en supprimant leur accès au plaisir.
Selon l’OMS, plus de 200 millions de femmes à travers le monde vivent avec les séquelles physiques et psychologiques de ces pratiques.
Quand le plaisir féminin est valorisé : l’exemple des Aka d’Afrique centrale
À l’opposé, certaines cultures ont toujours reconnu l’importance du plaisir féminin. Par exemple, chez les Aka du Congo et de Centrafrique, une ethnie pygmée, les hommes sont encouragés à stimuler le clitoris et provoquer l’éjaculation féminine, considérée comme une preuve de réussite sexuelle et relationnelle.
Cette pratique culturelle valorise le partage du plaisir et montre que l’invisibilisation du clitoris n’est ni universelle, ni naturelle, mais bien une construction culturelle.

La redécouverte contemporaine du clitoris en Occident
Les recherches contemporaines ont mis en lumière la vraie anatomie du clitoris : un organe complexe, interne et externe, formé de racines, bulbes et un gland visible. Depuis les années 2000, des initiatives féministes, scientifiques et éducatives permettent enfin de réhabiliter le clitoris dans les savoirs et les pratiques sexuelles.
L’éducation sexuelle : une clé pour toutes les cultures
Que ce soit pour lutter contre les mutilations ou pour rendre visible le plaisir féminin, une éducation sexuelle complète et respectueuse des corps est essentielle dans toutes les sociétés. Parler de l’histoire du clitoris, c’est militer pour l’intégrité physique, la liberté sexuelle et le droit au plaisir pour toutes.