Je n’avais que très peu d’expérience du milieu BDSM, mise à part une soirée fétiche à Berlin au milieu des années 2000 qui ne m’avait vraiment laissé aucun souvenir mémorable. Alors quand j’ai accepté l’invitation à la Scary Party IV Nuit Dèmonia, j’y allais pleine de curiosité et d’excitation.
Une soirée thématique où la tenue est particulièrement importante
La première chose à comprendre, c’est que la Scary Party de Dèmonia mérite bien sa célébrité. Décrite comme “la plus grande soirée BDSM d’Europe”, cette nuit est tout simplement époustouflante : pas une personne qui ne joue pas le jeu de la tenue, musique live qui emballe les foules, un lieu (le Faust) qui est grandiose et des accessoires mis à disposition qui permettent à toutes et tous de s’adonner à des pratiques BDSM jusqu’au petit matin.
Aller à la Nuit Dèmonia, c’est être immergée dans un univers qui reste totalement étranger et inconnu à bon nombre de personnes. C’est tellement dépaysant et divertissant, comme pourrait l’être la Gay Pride du BDSM, mais sans revendication politique.
Les tenues sont tout simplement flamboyantes et j’ai passé les premières heures à simplement regarder et apprécier le défilé continu d’accessoires, vêtements, postures, tous plus travaillés les uns que les autres. Les habitué.e.s savent qu’il est difficile de se faire remarquer au milieu d’autant de tenues, mais certaines personnes y parviennent quand même : une créature de 2m, juchée sur des talons de 20cm au moins, torse nu avec un masque recouvrant le visage et deux cornes ondulées de plusieurs centimètres. Thématique Halloween totalement réussie ! Ou encore cette Lara Croft revisitée, incroyablement athlétique, vêtue de quelques lanières de cuir, et qui dansait comme une déesse au beau milieu du dance floor. Quelques “classiques” sont finalement vite reconnaissables : jupes “fesses nues”, cagoules “catwoman”, chaînes et laisses en tout genre, sans oublier les combinaisons intégrales en latex où seule la bouche est visible.
Un public aussi diversifié que les pratiques BDSM
J’ai trouvé une certaine diversité parmi les convives : des jeunes aux côtés des moins jeunes. Et même si le public reste majoritairement blanc (comme souvent en boîte de nuit généraliste parisienne), la mixité se développe. Très vite, on arrive à reconnaître les différentes strates qui constituent cette foule : les curieux et novices, occupés à observer les personnes plus habituées ou plus téméraires, qui elles s’adonnent aux pratiques sous le regard de tous-tes. Fessées, fouets, fists, pegging, et autres réjouissances font partie des découvertes présentées, de manière spontanée et volontaire, dans la salle du milieu aménagée à cet effet : une cage, un énorme X (aka Croix de Saint-André) qui permet de s’accrocher les mains et les pieds, et de petites tables très bien pensées qui permettent de s’installer confortablement à 4 pattes tout en étant à hauteur de pénis, gode, bouche, doigts, etc.
“Mais alors t’as vu quoi exactement ? T’as vu des trucs chauds ?”
Cette question était sur toutes les lèvres des personnes à qui j’ai dit que j’étais à la soirée (et qui ne sont pas coutumières du milieu BDSM). Moi j’y suis allée en sachant que je pourrais choisir la version de cette nuit qui me conviendrait : m’en mettre plein les yeux et rester observatrice si je préférais, danser sur des musiques live, ou me laisser tenter par de nouvelles pratiques si je le souhaitais. Ce qui m’a été confirmé par les personnes que j’ai rencontrées sur place : un couple de quinquas qui était là pour explorer et découvrir s’ils étaient excités par les pratiques, une personne seule qui m’a dit avoir été “branchée” par des couples, ou encore cette fille avec un faux œil arraché (maquillage de pro, franchement j’ai bondi) qui était là pour danser toute la nuit.
Après, je ne vais pas vous mentir, plus la nuit avançait, plus je voyais de femmes se faire “féticher” les pieds (ce qui peut être un peu dangereux quand la salle est pleine à craquer et qu’on ne voit plus très bien par terre) et dans la salle du milieu, j’ai vu pas mal de trucs pénétrer pas mal de gens. Mais les yeux innocents peuvent se concentrer sur la salle du fond où la danse reste l’activité principale.
Un milieu où il fait bon être soi
J’ai passé pas mal de temps à la boutique Démonia, pour rencontrer l’équipe et découvrir, grâce à Joris le manager, tout l’univers et choisir ma tenue. Si vous ne l’avez pas encore fait, je vous invite à découvrir cette boutique, installée depuis quelques années dans une ancienne imprimerie du 11ème arrondissement : l’équipe est très compétente et sait conseiller, même les novices (durée moyenne d’une visite : 45 min). Dans ce “Disneyland pour adultes (copyright : Joris), l’idée est de pouvoir être qui l’on veut.
Une chose est sûre, la nuit Démonia (tout comme le monde BDSM si j’en ai bien compris les codes et les valeurs), c’est le dernier endroit où les choses peuvent déraper par manque de contrôle. À aucun moment, je n’ai ressenti de gêne à l’idée de me balader avec une robe indécemment courte (j’ai finalement opté pour la robe Lindsay de la marque Patrice Catanzaro). J’ai vu des corps, d’hommes et de femmes, si dénudés et mis en valeur, mais aucun regard déplacé, aucune convoitise désagréable. Si vous vous demandez où est-ce que l’on peut encore s’habiller de manière totalement sexuelle et de pouvoir en profiter toute la soirée sans craindre de le regretter, je vous répondrais la nuit Démonia. Et quelle liberté que de pouvoir le faire en plein Paris !
La Nuit Dèmonia revient le 4 février 2023 !