La téléréalité est partout, suivie en masse et pourtant critiquée en permanence. Du premier Loft Story aux Marseillais, le format a évolué en termes de storytelling, de profils des candidat-es, mais aussi de supports de visionnages. Cependant, un élément ne bouge pas et tend même à s’accentuer, c’est la mise en avant constante de stéréotypes sexistes, dont les femmes sont les premières victimes. Le livre Téléréalité, la fabrique du sexisme de Valérie Rey-Robert décortique les mécanismes sexistes en jeu dans ces émissions, orchestrés consciemment par les productions.

Un postféminisme qui promeut le traditionnalisme

Les femmes, produit phare de la téléréalité, sont les premières victimes de discriminations et des outils de propagande pour vendre une certaine image de la femme.

Entre Super Nanny qui montre comment bien élever ses enfants, Les Reines du shopping et la dictature du relooking animé par Cristina Cordula ou Mamans et célèbres où le rôle des mères est bien plus mis en avant que celui des pères, c’est le festival des clichés !

Valérie Rey-Robert reprend le terme « postféminisme » de la sociologue Angela McRobbie, pour décrire ce phénomène d’un féminisme qui « n’est ainsi pas rejeté, mais dilué dans un discours qui tente de rétablir des idées réactionnaires, et, de fait, de minimiser sa portée ». Dans cette mouvance, les influenceuses issues de la téléréalité deviennent des étendards postféministes !

Masculinités et féminités stéréotypées au service du business

L’analyse de Valérie Rey-Robert démontre que le profil personne blanche, hétérosexuelle, valide et issue des classes populaires est la norme visée par les émissions de téléréalité. Les personnes Noir-es ne représentent que 2,3% des candidat-es, en revanche plusieurs candidates emblématiques sont d’origine maghrébine, comme Nabilla Benattia ou Maeva Ghennam.

Tandis que le business de la minceur et de la chirurgie esthétique est valorisé par ces influenceuses, n’hésitant pas à promouvoir des médecins et chirurgien-nes esthétiques, on constate qu’elles sont aussi plus victimes de bodyshaming que les hommes.

Valérie Rey-Robert souligne aussi la valorisation de la domination masculine hétérosexuelle et patriarcale, face à des candidates féminines vulnérables, qui ne sont là que pour « trouver l’amour », plaire au regard masculin et devenir mères.

Les stéréotypes féminins ancrés dans l’imaginaire collectif de la vierge VS la mère VS la putain sont au coeur de ces émissions. Selon Valérie Rey-Robert, on peut y ajouter l’archétype féminin de la femme hystérique/clasheuse.

Téléréalité : la fabrique du sexisme, Valérie Rey-Robert

Il devient très limpide à la lecture de Téléréalité : la fabrique du sexisme que le male gaze (« regard masculin ») est présent partout dans ces émissions. Ces émissions pensées pour les femmes, promeuvent le complexe du regard masculin, avec pour objectif de pousser les femmes à la consommation.

Téléréalité : la fabrique du sexisme, Valérie Rey-Robert, édition Les Insolentes. 17,95.

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