Quand on pense Brésil, il est impossible de ne pas penser automatiquement à la samba ! Quand on pense samba, on visualise souvent ces danseuses sculpturales à moitié nues qui dansent en tête de cortège durant le carnaval. Personne ne pense au machisme inhérent à la samba et pourtant il est bien là. Dans son documentaire Breaking The Circle, l’américain Tobias Nathan part à la découverte des musiciennes en lutte contre le sexisme et l’invisibilisation des femmes dans ce milieu.

La samba : une musique afro longtemps marginalisée

La roda de samba désigne au Brésil, une réunion de musicien.nes qui jouent de la samba en cercle dans la rue. Cette activité, reconnue comme un élément d’héritage culturel du Brésil par l’Unesco, est très présente au Brésil, et notamment à Rio où c’est possible d’en découvrir à tous moments dans les rues ou les bars.

Groupe de samba féministe Moça Prosa. Crédit photo : Cris Vicente© .
Groupe de samba féministe Moça Prosa. Crédit photo : Cris Vicente© .

Cependant, ce n’est qu’en 1930 que le gouvernement brésilien a reconnu la samba comme élément d’identité nationale. Avant cela, il fallait « blanchir » tout ce qui pouvait avoir des origines africaines et le marginaliser. Restes d’une société qui s’est construite sur l’esclavage des Africain.es.

Aujourd’hui, la samba est un symbole positif du Brésil, qui valorise sa diversité, et qui est adulé par l’ensemble des Brésiliens. Cependant, un point noir souvent ignoré subsiste : la présence forte du sexisme.

Les femmes entrent dans le cercle pour briser les codes

Breaking the Circle, nous informe que durant les quarante dernières années, les musiciens des rodas de samba ont quasi exclusivement été des hommes. Les femmes y ont toujours été mises à l’écart, considérées comme n’ayant pas assez d’endurance ou de talent pour jouer aux côtés des hommes. Par ailleurs, les chansons étant chantées et produites par les hommes, leurs paroles sont bien souvent machistes, réduisant les femmes à des « salopes », « prostituées » ou « mauvaises femmes d’intérieur ».

Le groupe de samba féministe Sambada. Crédit photo : Marina Wang ©
Le groupe de samba féministe Sambada. Crédit photo : Marina Wang ©

Ces dernières années, trois groupes exclusivement composés de femmes se font remarquer sur la scène samba, suivant les pas d’un mythe local de la roda de samba féminine, Tia Cida. Elles prennent la parole dans le documentaire pour nous expliquer le rôle que tient la samba dans leur vie, comment le fait de créer des groupes exclusivement féminins joue un rôle féministe, politique et social. Elles veulent montrer que la samba ne se limite pas à l’objétisation du corps des femmes noires durant le carnaval, et revaloriser la position et l’histoire de la femme dans la musique brésilienne.

Le groupe déjà mythique Samba Que Elas Querem. Crédit photo : Maria Magdalena Arréllaga ©
Le groupe déjà mythique Samba Que Elas Querem. Crédit photo : Maria Magdalena Arréllaga ©

Dans un pays qui détient un des taux de féminicides les plus importants dans le monde (10 786 cas sont restés impunis en 2017 selon le documentaire) et où le Président actuel a pu dire d’une collègue qu’il« ne la violerait pas car elle ne le mérite pas », on comprend l’affirmation de Silvia Duffrayer « exister c’est défier », créatrice du groupe « Samba Que Elas Querem ». Jusqu’en 1991, un brésilien pouvait invoquer « la légitime défense de l’honneur » quand il était accusé de meurtre sur sa femme !

Des groupes de samba composés uniquement de femmes, avec différentes origines ethniques à l’image du Brésil (africaines, indigènes, blanches) est plus qu’un divertissement enchanteur et l’écoute d’une musique d’extrême qualité, c’est un combat féministe !

Regarder le documentaire Breaking the Circle ci-dessous :

Pour lire plus d’informations sur l’histoire de ce documentaire, rendez-vous sur la page dédiée de Breaking The Circle.

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