Ressentir de l’excitation devant un film d’animation érotique vous est-il déjà arrivé ? C’est exactement l’objectif des Hentai, ces mangas et films d’animation pornographiques originaires du Japon, qui séduisent de nombreux.ses fans, en quête de fantasmes sans limites. Le Hentai a un succès indéniable parmi les contenus pornographiques, on a voulu creuser ce fantasme et connaître un peu mieux ses adeptes.

Le hentai, c’est pervers

En japonais, « Hentai » signifie littéralement « pervers ». Il désigne tout type de dessin ou acte sexuel qui serait considéré étrange ou pervers. Dans le reste du monde, sa définition est réduite à « manga et animé pornographique ». Le premier Hentai japonais (dans les deux sens du terme) est daté à 1984 avec la sortie de Lolita Anime. Ce film produit par Wonder Kids est considéré comme le premier film d’animation érotique.

Affiche de Wonder Kids
Affiche de Wonder Kids

En échangeant avec des fans de Hentai et en effectuant quelques recherches sur Internet, il est aisé de constater que les fans sont généralement des fans de Mangas japonais au départ. En plus de regarder les versions animées, les fans aiment aussi lire des BD Hentai.

Des fans de hentai stigmatisés

Celles et ceux qui apprécient ce genre érotique sont souvent stigmatisés, notamment au sein de la communauté manga. À titre d’exemple, le blog Bakabt dédié aux anime fustige les personnes critiques : « Parmi les fans d’anime, je n’hésiterai probablement pas à répondre à ce que j’aime si on me le demande, et je n’ai absolument aucun scrupule à partager cela non plus avec cette petite niche de fans d’anime. C’est dommage que les fans d’animés ne puissent pas sortir sans être étiquetés comme malades parce qu’ils aiment le Hentai. » 1http://blog.bakabt.me/2011/02/the-h-bomb-hentai/{/mfn]

On retrouve dans les critiques, l’idée que les fans de Hentai sont des pervers (une insulte finalement cohérente avec l’étymologie réelle du mot), des gamins, des adeptes de la pédophilie, ou encore des tarés excités par les tentacules.

L’origine de ces stéréotypes s’expliquent par les scénarios hentai. Regardons parmi les sous-genres du Hentai, on y trouve le « Lolicon » qui focalise sur des personnages féminins pré-pubères et adolescentes (la version masculine se nomme « Shotacon »).

La catégorie « Inceste » est aussi un sous-genre à part entière, tout comme « Tentacle Erotica », qui montre des créatures à tentacule ayant des relations sexuelles avec des filles (et plus rarement des garçons). C’est l’artiste de manga érotique Toshio Maeda, qui créa l’imagerie du sexe tentaculaire en 1986, dans le but de contourner la censure. Pour Noxy, 32 ans, « ces critiques sont basées sur des idées perçues complètement ahurissantes. Je pars du principe que tant que cela reste du fantasme et dans le respect de la personne rien n’est interdit. Il faut que les gens fassent la différence entre le réel et le fantasme. »

hentai tentacule

En 2018, le site Pornhub sortait son habituelle étude sur les chiffres de l’année du site. On pouvait y découvrir que le terme Hentai était le deuxième le plus recherché après « Lesbian » et avant « Milf ». C’est donc une catégorie qui a un franc succès malgré les critiques. Comme d’habitude, la question des fantasmes et des préjugés autour de ceux-ci sont entourés d’un bel halo d’hypocrisie.

Le Hentai, moyen de fantasmer sur des sexualités impossibles ?

Les fans de Hentai interrogé.es mentionnent que l’excitation naît de l’extrême liberté présente dans la mise en avant des fantasmes. Yui, une femme de 22 ans, aime que » l’imagination de l’auteur prime et que tout puisse être fait contrairement à la réalité. » Tandis que le dessin a de réels avantages pour l’imagination sexuelle de Wilfried, 20 ans : « c’est purement mental, le coté dessin permet d’avoir des scénarios non conventionnels ».

Une particularité notable est que c’est d’abord le scénario du Hentai qui va guider leur choix. D’ailleurs, les personnes interrogées privilégient les sites dédiés au Hentai, comme Trix Hentai, au lieu des sites pornos mainstream.

Parmi les quatre personnes qui ont répondu aux questions, 2 sont des femmes, dont une en couple, Azaly, 37 ans. Cette dernière a indiqué lire du Hentai tous les jours et en regarder tous les quinze jours. Selon son mari Noxy, qui en regarde avec elle :

« Le Hentai a permis à ma femme de découvrir une partie de sa sexualité, dont elle ne soupçonnait pas l’existence […] cela a été très bénéfique pour notre couple.

Les mentalités japonaises ont parfaitement compris que ce ne sont que des fictions bien loin de la réalité, voire carrément impossibles. Voilà pourquoi l’imaginaire qu’il développe est important.»

Le dessin sexuel explicite permet de laisser plus facilement libre cours à des fantasmes sans limites. Le Hentai a sûrement comme particularité de pousser l’imaginaire jusqu’à des tréfonds inhabituels pour la culture érotique occidentale. Reconnaissons le talent Japonais pour le scénario fantaisie, et pour avoir érigé en institution et culture le manga érotique.

Qu’on aime ou déteste le Hentai, il y a peut-être une philosophie intéressante de la sexualité et des fantasmes à retenir.