Dès notre naissance, nous avons un genre qui nous est assigné, d’après les organes génitaux visibles que nous avons. Cette situation d’assignation fait dire au médecin « c’est une fille / c’est un garçon » et exclut la variété d’identités de genre existantes. Attention cependant à ne pas confondre les genres sexuels, avec l’orientation sexuelle, les comportements sexuels et l’identité sexuelle ! Dans le langage courant, le sexe et le genre sont peu dissociés et la société attribue des comportements sociaux à une personne en fonction de son sexe. Pourtant, diverses identités de genre existent. Pour y voir plus clair, nous vous proposons un petit dico des genres sexuels.

Définition de genres sexuels

Avant de vous proposer le lexique, rappelons que le Genre est un concept en sciences sociales, qui fait état de la construction sociale derrière les représentations de la masculinité et de la féminité. En ce sens, le genre (donnée sociale) est à différencier du sexe (donnée biologique) et l’identité de genre peut être différente de l’identité sexuelle (par ex : je peux être née femme biologiquement, mais avoir une autre identité de genre).

La binarité de genre est cette conception traditionnelle que le féminin et le masculin ont des rôles déterminés. Il est intéressant de réfléchir sur les identités de genre, car la société a construit des hiérarchies sociales en fonction du genre et certaines identités ont été/sont discriminées, voire vues comme pathologies.

photo pour illustrer les genres sexuels

Androgyne

Androgyne est un terme issu du grec, constitué de andros (homme) et gynè (la femme). On fait souvent référence à l’androgynie en tant que caractéristique physique, quand une personne a des traits physiques qui présentent à la fois des caractéristiques associées au féminin et au masculin. L’androgynie vue comme identité de genre est non-binaire et bigenre (voir plus bas les définitions) et implique que la personne se sent à la fois appartenir aux caractéristiques dites masculines et féminines, sans pour autant que ce soit forcément de façon 50/50.

Agenre

Une personne agenre est une personne qui s’identifie comme n’ayant aucune identité de genre. On peut aussi dire « neutrois ».

Symbole neutrois agenre
Symbole neutrois

Bigenre

Une personne qui a deux identités de genre.

Bispirituel-le

La bispiritualité est relative aux sociétés autochtones traditionnelles, comme celles des Indiens natifs d’Amérique. Elle désigne les personnes dont les normes de genre sont différentes de celles admises dans les sociétés occidentales, ainsi on ne peut la penser selon les critères occidentaux. Certaines tribus considèrent par exemple qu’il y a au moins quatre genres : hommes masculins, hommes féminins, femmes masculines, femmes féminines. Les bispirituel-les sont aussi connu-es sous les noms « berdache », « être aux deux esprits », « two-spirit » (2S).

Cisgenre

L’identité de genre cisgenre implique que le genre ressenti par une personne correspond à son sexe biologique assigné à la naissance. Si vous êtes une personne née de sexe masculin et que vous vous considérez « homme » vous êtes un homme cis, si vous êtes née de sexe féminin et vous considérez « femme », vous êtes une femme cis. C’est l’identité de genre favorisée dans les sociétés où l’hétéro-normativité est au cœur du modèle social. Côté étymologie, notons que le préfixe -cis vient du latin et signifie « du même côté ».

Gender Fluid

En français, l’ « identité de genre fluide » désigne les personnes qui ne se définissent pas d’un genre particulier et dont le ressenti de genre évolue selon les moments. Ce sont des personnes qui ne se sentent pas représentées par les constructions binaires « masculin » et « féminin » et oscillent entre les deux.

Intersexe

Les personnes intersexes sont des personnes « nées avec des caractéristiques sexuelles qui ne correspondent pas aux définitions traditionnelles du sexe masculin ou du sexe féminin » selon la définition admise par l’ONU. L’intersexualité implique une difficulté à définir les organes génitaux de la personne intersexuée, généralement détectée à la naissance. En France, la Haute Autorité de Santé estime qu’il y a environ 2% de naissance de bébés intersexes.

Il est courant en France et dans d’autres pays de forcer une attribution de sexe à la naissance pour les enfants intersexes, ce qui est considéré comme une mutilation génitale dans le droit international. L’ONU l’affirme : « Nul besoin de « corriger » le corps des enfants intersexes : ces enfants sont parfaits tels qu’ils sont! »

Non-binaire

Une personne non-binaire a une identité de genre qui se place en dehors de la norme « féminin »/ »masculin » et donc hors de l’hétéronormativité promue par la société. Etre non-binaire, c’est se sentir ni homme ni femme, être entre les deux, un peu des deux ou aucun des deux. On trouve donc au sein de la non-binarité, les personnes androgynes, agenres, bigenres et gender fluid par exemple.

Dans le langage, les anglophones utilisent «they / them » pour parler d’une personne non-binaire, tandis que les non-binaires francophones utilisent régulièrement « iel » ou « ille » (jonction de « il » et « elle »), afin d’éviter de « genrer » le langage. Mais ces solutions ne sont pas sans défauts et difficultés pour s’exprimer et se passer entièrement de la binarité du langage.

Drapeau de la fierté non-binaire
Drapeau de la fierté non-binaire

Transgenre

Le terme générique « trans » fait référence à une personne transgenre, à savoir une personne dont l’identité de genre n’est pas la même que celle assignée selon son sexe à sa naissance (VS personne cisgenre, voir plus haut).

Le terme transgenre est préféré aujourd’hui au terme transsexuel, car ce dernier est associé au regard pathologique porté sur la transidentité depuis les années 50 dans le monde de la sexologie et de la psychiatrie. Le « transsexualisme » était présent dans la liste des troubles mentaux établie par l’Association Américaine de Psychologie en 1980. Par ailleurs, le terme transgenre met l’accent sur la contestation d’une société qui enferme ses citoyen-nes dans un système de binarité de genre.

Sachez également qu’une personne transgenre qui effectue une opération de changement de sexe (chirurgie de réassignation sexuelle) ne doit pas nécessairement être appelée « transsexuelle ». Si étymologiquement « transsexuel-le » fait référence à l’idée de changer de sexe (le préfixe latin « trans- » signifie « être au delà »), cette dénomination appuie l’idée que le genre est forcément lié à l’organe génital et va donc à l’encontre des discours contre la transphobie. Si vous souhaitez plus d’informations, nous vous conseillons de lire l’article « Les expressions à éviter à propos de la transidentité » du blog La vie en queer. Lisez aussi notre témoignage d’une femme transgenre musulmane.

Après le petit dico des genres sexuels, découvrez aussi notre petit dico Bdsm.