Ca ira, ça ira ! On a envie de croire à cette révolution au lendemain de la cérémonie d’ouverture des JO 2024 de Paris. Le metteur en scène Thomas Jolly a brisé tous les codes, pour offrir au monde un événement spectaculaire, subversif et profondément joyeux. La France qu’on aime est diverse, inclusive, humaniste et féministe, voilà le message qui a été transmis. Face à nos luttes éreintantes contre le patriarcat, à la montée de l’extrême droite et aux tensions politiques récentes suite à la dissolution de l’Assemblée nationale, n’est-ce pas l’anti-dépresseur dont on avait tous-tes besoin ?

Il pleut sur la ville, comme il fait beau dans nos coeurs

Comme pour illustrer le courage des sportif-ves face aux challenges, la météo a mis à rude épreuve la gigantesque organisation des JO de Paris 2024. Il a plu, comme il n’avait pas plu depuis des semaines, rendant épique la performance des artistes. Pourtant, la morosité ne nous a pas gagné, mais bien un sentiment de joie et de fierté, grâce à cette sublime fresque entre tradition et modernité.

Lady Gaga qui rend hommage au music-hall français, puis un show de french cancan des danseurs et danseuses du Moulin Rouge en bord de Seine ; Aya Nakamura en featuring avec la Garde Républicaine devant L’Institut de France, comme un énorme pied de nez aux attaques racistes subies depuis l’annonce de sa présence. On poursuit avec La Marseillaise, qui nous transperce le coeur et nous submerge d’émotions grâce à la mezzo-soprano Axelle Saint-Cirel sur le toit du Grand Palais ; enchaînement avec le tableau Sororité et dix statues de figures féministes françaises qui émergent de la Seine dont Gisèle Halimi, Louise Michel, Simone Veil et Alice Guy ; la culture queer a été fort mise en avant avec la présence de drag queens, de Barbara Butch, DJ féministe et activiste LGBTQ et cette scénarisation loufoque d’un Philippe Katerine bleu représantant Dionysos « tout nu ». Impossible de ne pas mentionner également ce clin d’oeil remarqué au théâtre de Marivaux, avec une représentation so 2024 d’un trouple queer. Enfin, les mots manquent pour décrire le show du groupe de métal Gojira à la Conciergerie, où fut détenue Marie-Antoinette, elle-même mise en scène décapitée entonnant le chant révolutionnaire « Ah, ça ira ! ». Une scène qui termine en apothéose avec l’arrivée sur bateau de l’artiste lyrique Marina Viotti et une explosion de confettis rouges telle une giclée de sang !

Niveau sportifs et sportives, comment ne pas se ravir de ces délégations voguant sur la Seine, du symbole de la présence d’un bateau de réfugiés (même si on aimerait surtout qu’on ne les laisse pas crever en mer en réalité…), de la vue de Serena Williams et Rafael Nadal portant la flamme sur un même bateau, de la présence au sommet de la classe de Zinedine Zidane, et surtout de voir Marie-José Pérec et Teddy Riner allumer la flamme olympique s’élevant dans une montgolfière !

Il y a trop à en dire, tellement les images étaient saisissantes, avec ce mélange de films et de scènes réelles communiquantes entre elles. Ce sont les premiers JO avec une parité parfaite de sportives et sportifs, et pour cette cérémonie d’ouverture, Paris et la France entière envoient au monde entier un message de tolérance, d’inclusivité, d’impertinence et de regard optimiste vers un avenir plus ouvert. On veut que le rêve rejoigne réellement la réalité, loin de la dystopie d’extrême droite à venir !

Alors oui le réel n’est pas parfaitement à la hauteur du symbole, mais ne sous-estimons jamais le poids des images et des valeurs. Elles sont toujours un grand pas, pour bousculer les réprésentations et allumer la flamme d’un avenir plus radieux. Malgré les pluies diluviennes, il a fait beau dans nos coeurs l’espace de 4h de cérémonie, n’en déplaise aux réactionnaires. On s’est senties fièr-es d’être Français-es de tous genres, toutes identitées, toutes couleurs et de l’afficher aux yeux du monde. C’était du Jolly et on peut lui dire merci.