Faire l’amour la première fois à 25, 30 ou 35 ans ? Et alors ? Quand on est vierge “plus tard que les autres”, les regards se font lourds, les jugements pesants. Pourtant, la sexualité ne devrait jamais être une course. Nous avons interrogé des femmes et des hommes ayant eu une « virginité tardive » selon l’expression courante. Leurs témoignages permettent de regarder au delà des stéréotypes et rappellent que la sexualité doit être avant tout une démarche personnelle et non une lutte pour faire briller son ego auprès des autres.
Article mis à jour le 13 mai 2025
La honte d’être « en retard » dans sa sexualité
« Rien ne sert de courir ; il faut partir à point », disait La Fontaine. Une vérité qui s’applique parfaitement à la sexualité. Pourtant, celles et ceux qui font l’amour “tard” subissent souvent jugements, moqueries, et clichés.
En France, l’âge moyen du premier rapport est de 17,6 ans pour les filles et 17 ans pour les garçons (INPES, 2016). Un chiffre qui n’a quasiment pas bougé depuis 30 ans.
Les 9 personnes que nous avons interrogées ont eu leur première relation sexuelle entre 24 et 35 ans. Pour l’INPES, on parle déjà de “virginité tardive” après 19 ans.

« On se sent en retard, parce qu’en soirée les discussions peuvent facilement dériver sur des conversations cul. Tout le monde a déjà eu au moins une ou plusieurs histoires, les gens échangent sur leurs expériences, etc. On a vraiment l’impression de louper un truc, de passer à côté de quelque chose de cool. On est toujours en position d’écoute et c’est forcément frustrant.»
Claire, 25 ans
Se sentir « hors-norme » face à la pression sociale
La pression de l’entourage (famille, amis, société en général) est souvent mentionnée comme un élément dur à gérer et provoquant des émotions négatives.
Mes copines disaient que rester vierge après 20 ans, c’était qu’on avait un problème. »
Amélie, 27 ans
C’est le regard et l’attitude des autres au sujet de la virginité qui va alimenter un sentiment de honte, pour la majorité des personnes interrogées.
Certain-es ont même menti à leur entourage, comme Louise, 27 ans, pour éviter les jugements.

Mentir à son premier partenaire : une stratégie de protection
Dans le cas de Claire, elle a menti à son premier partenaire pour qu’il ne se fasse pas de fausses idées sur la situation :
« Le garçon avec qui j’ai eu ma première relation sexuelle n’était pas mon copain. Je n’avais pas envie qu’il croie que j’étais forcément folle amoureuse ou que j’allais y accorder énormément d’importance. »
Benoît, 26 ans, a lui aussi attendu. Sa copine, plus expérimentée, a eu peur d’être jugée comme “fille facile” en apprenant sa virginité après-coup :
Elle avait déjà eu une dizaine de partenaires. À cause des stéréotypes de la société, elle a eu peur que moi « de bonne morale » juge la « fille facile » qu’elle se voyait être. »
Vierge ne veut pas dire être sans sexualité
Être vierge, ce n’est pas vivre sans désir. Toutes les personnes interrogées pratiquaient la masturbation bien avant leur première fois. D’ailleurs, les personnes asexuelles ne sont pas des personnes sans sexualité, elle est juste orientée autrement, sans nécessité de l’acte. Certaines, comme Dana, ont trouvé une autre voie que le modèle “amoureux classique” :
« À 35 ans, c’est dans le milieu libertin que j’ai enfin trouvé un espace qui respectait mes envies. »
Le piège du modèle “sexe = pénétration”
Tous les témoignages définissent la “première fois” comme un rapport pénétratif. Un signe que notre imaginaire reste encore très phallocentré. Pourtant, le sexe oral ou les jeux sensuels sans pénétration sont aussi des premières fois. Pourquoi ne les valorise-t-on pas autant ?
Une première fois réussie n’est pas une question d’âge
Benoît, 26 ans, a attendu par choix, marqué par l’agression sexuelle subie par sa soeur de 10 ans, quand il n’avait que 15 ans :
J’ai voulu faire ça bien, pas juste pour “faire comme les autres”. »
Willy, 24 ans, raconte :
J’ai évité les erreurs de mes amis. J’ai pris mon temps. »
Claire, elle, se sent en paix avec sa virginité tardive :
J’ai des amies encore traumatisées par des relations sexuelles qu’elles ont eu à 17-18 ans, quand elles étaient mal informées et peut-être plus influençables. J’ai évité ça, donc je suis assez en paix avec ma sexualité, je n’ai pas vraiment de bagages à porter.

La sexualité n’est pas une compétition
Tous-tes affirment se sentir bien aujourd’hui, même si des défis existent (endométriose, vaginisme…). Mais ces difficultés ne sont pas liées à une virginité tardive. « S’écouter est plus important que de faire comme tout le monde », résume Claire. Se respecter, respecter le consentement de l’autre, attendre le bon moment, c’est ça qui compte. Pas l’âge. Pas les statistiques. Pas la norme.
Une seule règle : écouter ses envies
Qu’on fasse l’amour la première fois à 16, 26 ou 36 ans, l’essentiel reste d’y aller quand on le désire vraiment, sans pression extérieure.
Soyez patient·e avec vous-même, le moment viendra. »
Claire
Leçon à retenir.
👉 Pour aller plus loin : Bases de la sexualité, ce que tout le monde devrait savoir
Note : Chaque répondant-e a choisi librement le prénom qu’il-elle souhaitait pour citer son témoignage.