Impossible de passer à côté de Petite Bohème quand on pénètre dans le monde de l’illustration érotique moderne ! Cette illustratrice française n’a pas peur de montrer une sexualité féminine qui s’exhibe, prend du plaisir et jouit ouvertement. Sur Instagram, des milliers d’abonné-es ne se lassent pas de découvrir ses nouvelles créations sexy, et nous non plus ! Desculottées est ravie d’avoir pu interviewer cette dessinatrice érotique mystérieuse et d’essayer d’en apprendre plus sur elle, son travail, ses sources d’inspiration.
Qui se cache derrière le pseudo Petite Bohème ?
J’me présente, je m’appelle Henri… non je suis Pauline donc une femme, je le précise car malgré mon pseudo, on me pose souvent la question. Alors que certains artistes aiment jouer sur cette ambiguïté… moi je revendique le fait d’être une nana qui fait des dessins de fesses ! Mais je fais tout pour préserver mon anonymat car ma liberté d’expression en dépend.
Très peu de personnes savent qui je suis. À l’heure du grand déballage et des selfies, c’est totalement jubilatoire… Je vis à la fois à Reims (la raison) dont je suis originaire et à Paris (ma ville de cœur), j’y ai étudié et travaillé pendant 12 ans, car j’ai un pied-à-terre là-bas.
Comment est née ta rencontre avec le monde du dessin ?
À l’école primaire, une maîtresse a fait remarquer à mes parents que j’avais un vrai potentiel pour le dessin. Du coup, ils ont tout fait pour que je cultive cette passion et que j’en fasse mon métier. J’ai passé un bac “Arts appliqués” qui m’a permis d’intégrer une école d’arts graphiques. On peut donc dire que je dessine depuis toujours !
Comment décrirais-tu l’univers d’illustratrice de Petite Bohème, et quels messages souhaites-tu faire passer à travers ton art ?
Je suis graphiste freelance depuis longtemps donc j’ai un job créatif mais avec beaucoup de contraintes. J’avais besoin de retrouver une totale liberté dans mon expression artistique et d’aller là où on ne m’attendait pas donc je me suis lancée dans l’illustration sexy.
Je veux montrer tout simplement qu’on peut être une femme et dessiner, parler de sexualité sans tabou.
La femme est au cœur de tes illustrations, reconnaissables immédiatement avec ce rouge flamboyant et cette sensualité provocatrice. Qu’est-ce qui t’a donné envie d’exprimer ton féminisme de cette manière ?
Le séisme #metoo a éveillé en moi une vraie conscience féministe (mieux vaut tard que jamais).
Je ne dessine plus de la même manière, je me pose beaucoup de questions par rapport à ma vision de la sexualité féminine totalement formatée par le porno phallocrate. Ma génération a bâti sa sexualité à partir de ces images de femmes objets, de femmes soumises où l’acte sexuel se limite au plaisir des hommes.
Les féministes sont souvent taxées de mal baisées mais ce sont une grande majorité de femmes qui le sont en réalité, et toutes devraient pouvoir jouir autant que les hommes.
Les femmes doivent donc pouvoir parler de ce qu’elles veulent et de ce qu’elles ne veulent pas. Chacun de mes dessins montrent des femmes qui prennent du plaisir. Et mon prochain objectif est de dessiner un peu plus d’hommes qui s’appliquent à cela.
Où puises-tu ton inspiration ?
Le travail des illustratrices Delphine Cauly et Apollonia Saint-Clair m’ont beaucoup inspiré et motivé pour me lancer. J’adore le travail des photographes Guy bourdin et Ren Hang.
J’aime aussi les photos des années 80, le passage de l’érotisme au porno, il s’en dégage une grande sensualité et douceur.
Mis à part le travail d’Erika Lust et Olympe de G que je trouve salutaire et inspirant, le porno d’aujourd’hui ne m’inspire pas beaucoup. Il est trop dans l’efficacité, la performance, et véhicule une certaine violence.
Pour toi, qu’est-ce qui est le plus dur et le plus beau dans le métier d’illustratrice ?
À part la censure qui complique un peu mon travail sur les réseaux sociaux, je ne trouve rien de difficile dans ce que je fais. Beaucoup d’illustrateurs souffrent de bosser seuls, moi je kiffe, je suis un vrai ermite.
Mais de temps en temps j’aime bien qu’on vienne me chercher pour faire des collaborations. J’adore mon job et j’ai beaucoup de chance !
Un sort est jeté, tu n’as le droit de garder qu’un seul de tes dessins, lequel serait-il et pourquoi ?
Je n’aime pas beaucoup mes dessins car je ne vois que les défauts… mais j’adore « Love me tender », parce que la tendresse bordel !
Si ta sexualité était une oeuvre d’art, comment la nommerais-tu ?
« La gourmandise » car je suis une véritable épicurienne !
Retrouvez toutes les illustrations de Petite Bohème sur sa page Instagram @petite_boheme et sa page @sexy_boheme ! Vous pouvez également retrouver la présence de ses dessins dans le Kamasutra lesbien, le Kamasutra féministe, ou encore le livre Masturbation.