Ralentir son mode de vie, trouver des moments à soi et moins se soucier de son smartphone. Serait-ce nécessaire pour pour mieux apprécier sa sexualité ? Le slow sex et le ralentissement général dans notre quotidien sont-ils la clé de la sexualité de demain ? 

Slow sex, slow life : apprendre à déconnecter pour mieux se reconnecter

Il y a quelques années, j’ai fait un long road trip d’une année et demie, où j’ai passé du temps en Indonésie, à Singapour, en Malaysie, en Thaïlande, en Nouvelle-Zélande et au Portugal. J’ai vu du pays comme on dit, et chaque jour un peu plus, ces multiples découvertes quotidiennes ont fini par m’éloigner de l’écriture. Quand je voulais écrire, je regardais cette page blanche et restais bloquée. Pas envie, pas d’inspiration, pas enchantée à l’idée d’être devant mon écran pendant quelques heures, plutôt que d’aller explorer à l’extérieur. Alors, j’ai choisi de vivre pleinement l’expérience et de me remettre à écrire quand je le sentirais de nouveau.

Cette exploration du monde ayant touché à sa fin, j’ai commencé à regarder en arrière, à évaluer ses effets sur moi et sur ma sexualité. Nous sommes dans un monde ultra-connecté, pressé, en course perpétuelle contre une montre qui semble toujours avancer trop vite. Cette vie nomade m’a reconnecté avec moi-même, plus qu’avec mon smartphone et cela fait du bien. Je n’ai pas passé mon temps dans la nature à compter les moutons (quoique en Nouvelle-Zélande, ç’eût été possible !), ni erré constamment dans la jungle en me déconnectant de tout. J’ai continué d’utiliser Facebook, Instagram et même Twitter régulièrement, mais j’ai fortement réduit leur utilisation. Ou devrais-je dire mon addiction. J’ai cessé de me sentir obligée d’être connectée en permanence. J’ai vécu plus de vie réelle et moins de vie virtuelle. Il paraît qu’un Français sur trois lit en pleine nuit les sms qu’il reçoit !

Ai-je déjà songé à une notification en faisant l’amour ? Ai-je déjà préféré regarder mon portable au réveil, plutôt que de prendre le temps de câliner mon partenaire ? Ai-je déjà refusé des avances de mon partenaire, parce que je préférais glander sur mon ordinateur plutôt qu’avoir un moment d’intimité ? Le pire c’est que je pense pouvoir répondre oui à chacune de ces questions et c’est carrément déprimant. Cela fait un bien fou de déconnecter des objets pour se reconnecter aux corps.

couple qui fait l'amour dans le lit
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Sortir des écrans et retourner dans le réel

S’il y a une chose que j’ai retenu de mon long séjour, c’est que le rapport qu’on entretient avec le téléphone est devenu quasiment pathologique. C’est une drogue dont il faut apprendre à se désaliéner, car elle peut nous éloigner des autres plus que nous en rapprocher. Bien sûr, on en a besoin pour garder contact, pour se divertir, pour le boulot. Mais ces raisons, ne deviennent-elles pas des excuses pour se fermer de nos émotions et de nos sensations corporelles ?

En mettant plus souvent le téléphone de côté, en prenant le temps de regarder autour de moi, en allant vers les autres voyageurs et personnes rencontrées au quotidien, j’ai senti mon corps et mon esprit s’alléger. Vous connaissez cette maxime latine : Mens sana in corpore sano (trad : un esprit sain dans un corps sain). C’est exactement ce qu’il faut pour maintenir un bon équilibre. Ce n’est peut-être pas pour rien que j’ai découvert l’éjaculation féminine à ce moment. Des blocages psychologiques et physiques sont tombés. J’ai privilégié plus de longs moments d’étreinte et moins de quicky.

Ai-je pratiqué le slow sex  ? Ce terme pour parler du ralentissement des rapports sexuels pour une meilleure jouissance. En tout cas, il semblerait qu’avoir le temps, de moins stresser et de prendre plus le temps de faire l’amour sans pression, en réapprenant à écouter chaque moment, chaque silence et sons émis, nous a permis d’atteindre de nouveaux plaisirs au fur et à mesure. 

Avez-vous remarqué que vous faites mieux l’amour en vacances ? Que dans le quotidien, cela peut arriver d’être trop préoccupé par d’autres sujets et d’avoir du mal à être dans le moment présent. C’est vrai que cela est plus simple en vacances, mais il faut arriver à se donner des moments de pause, même hors vacances. Ralentir son rythme dès que possible.

Demain, la sexualité des objets plutôt que la sexualité des corps ?

Je suis tombée dernièrement sur un article qui parlait d’ Izivibe, une coque de portable iPhone, sous forme de sextoy connecté avec un phallus au sommet du téléphone. L’appli iPhone dédiée permet de contrôler les vibrations, de partager les données (WTF !) et de contrôler à distance le sextoy. Je ne serais pas étonnée qu’une appli permette d’évaluer le niveau de concentration d’une personne durant le sexe, ou lui indique quand accélérer ou décélérer la cadence pour prendre plus de plaisir. Glauque !

De plus, je trouve l’Izivibe assez malsain comme objet, sur le rapport de l’homme au téléphone qu’il met en exergue. Utiliser cela, c’est en venir à coucher avec notre téléphone concrètement. Le symbole est fort. Entre Izivibe, les love dolls et le porno en réalité augmentée, nous tendons potentiellement vers une sexualité des objets plus importante. C’est peut-être le moment de ralentir son rythme, de lever la tête vers le ciel plutôt que de la baisser sur le téléphone, de respirer un bon coup et de refaire un avec son corps, pour éviter la tentation pernicieuse de tout déléguer aux objets.

Pas forcément besoin d’aller voir des coachs sexuels spécial slow sex, pas besoin de taper sur Google « comment retrouver une sexualité plus lente », juste s’écouter de nouveau, se laisser le temps de fantasmer, partager des moments d’intimité réelle avec son partenaire, car in fine la sexualité reste et restera une affaire de corps physiques. Réapprenons à nous aimer autrement !