Existe-t-il encore des rencontres amoureuses hors des apps ? C’est la question qu’on se pose tous-tes, tant les apps de rencontre sont devenues la norme pour chercher l’amour ou des aventures sexuelles. On estime à 2 millions le nombre d’utilisateur-ices de Tinder en France, avec 55 milliards de matches par jour dans le monde ! Pourtant, 4 adultes sur 5 ressentent une « dating fatigue » 1https://www.globenewswire.com/news-release/2022/04/01/2415062/0/en/Four-Out-of-Five-Adults-Experience-Emotional-Fatigue-or-Burnout-From-Online-Dating-78-37-New-Data-Shows.html. L’amour sous swipe épuise et génère une forme de burn out des rencontres virtuelles. Est-il temps de quitter Tinder et de redonner sa chance au hasard de l’amour au détour d’une rue ?

L’amour et le sexe à l’ère du swipe

Avant les apps, il existait des sites de rencontres en ligne comme l’incontournable Meetic, et avant encore, les agences matrimoniales physiques. Des intermédiaires ont toujours été là pour aider les gens à se mettre en couple. Ce que Tinder a changé, copié ensuite par toutes les apps qui ont suivi, c’est le swipe des profils. Des profils de personnes géolocalisées près de chez vous apparaissent, et avec votre doigt, vous décidez si elles vous plaisent ou non. Je glisse l’écran à gauche c’est non, je glisse à droit c’est oui. Si cette personne a aussi aimé votre profil, un message apparaît « c’est un match » ! Et vous pouvez commencer à échanger ensemble. C’est simple, rapide, machinal… jetable.

femme qui tient un smartphone dans sa main pour illustrer article sur Tinder
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L’ultra consommation du dating

Ces profils en illimité, disponibles en permanence, ont créé un effet de surconsommation du dating. On se dit toujours qu’on peut trouver mieux, voire on ne fait même plus l’effort de réellement connecter avec l’autre. Combien de personnes matchent et ne s’envoient même pas un message de bonjour ? Combien de « bonjour » envoyés, qui sont finalement restés sans réponse ? Certaines personnes -essentiellement des profils masculins- font la technique de l’auto-like, à savoir liker tous les profils sans les regarder, pour voir les matchs qui tombent et faire ensuite le tri. Face à cela, une limite de likes maximum a été mise en place, mais qui peut être étendue, en payant un abonnement premium.

Si on va jusqu’à la rencontre réeelle, on peut être déçu-es physiquement, ou avoir l’impression de vivre un « date arrangé ». Sans oublier que le plan cul d’un soir peut s’avérer être un échec cuisant. Pour peu qu’on ait vraiment eu le désir de vivre une relation avec cette nouvelle personne, on n’est pas à l’abri de se faire ghoster. Et parlons des sextos qui font monter la température pendant des jours ou des semaines, et le soufflé qui retombe tristement le jour de la rencontre.

On jette les autres facilement et on se sent soi-même consommé-e. Comme un panier virtuel sur un site de marques de fringues, on ajoute les matches, puis on élimine ou garde à notre convenance. Comme le dit Sophie Soga dans son livre Next, qui narre les aventures Tinder d’une quarantenaire : « Tinder, c’est ma PASSION. Je suis comme au supermarché. Je shoppe, je consomme et je jette ! Aucun affect et j’peux te dire que ça m’fait un bien fou ! »

Quitter Tinder, revaloriser les rencontres physiques et réhumaniser l’amour

Avec la concurrence accrue d’apps de rencontre comme Bumble ou Happn, il n’est pas rare qu’une même personne soit présente sur 3 ou 4 apps en même temps, pour étendre ses chances de rencontrer quelqu’un. Mais, cela augmente le sentiment d’overdose des apps et la tentation de quitter Tinder.

Sommes-nous encore prêt-es à céder à un regard échangé au comptoir d’un bar ? Existe-t-il encore la surprise d’une rencontre avec un pote de pote ? Peut-on encore vivre le grand amour avec une personne rencontrée en backpack à l’autre bout du monde ? De plus en plus de personnes veulent retrouver ce frisson de la rencontre en chair et en os, plus charnelle que de toucher son écran de smartphone, devant des photos qui finissent par toutes se ressembler.

Cela n’empêche pas de garder les apps de côté pour étendre les possibilités. Notamment, pour cibler des profils de recherche spécifiques, comme les personnes queer et lesbiennes avec l’appli HER, des personnes polyamoureuses et non-monogames avec l’appli Feeld, ou totalement libertines avec les applis Wyylde ou Place Libertine, pour n’en citer que quelques-unes.

Quitter Tinder est possible, mais pour cela on va devoir cesser d’y être accro.