Depuis un mois, je vis une révolution dans ma manière d’envisager le sport et la danse. Par hasard, en voyant la pub d’un cours d’initiation de pole dance, je décide d’y aller. Je ne m’attendais pas à me découvrir instantanément une nouvelle passion ! Ce mix d’effort physique intense, de focus mental et de libération du corps était tout ce dont j’avais besoin. C’est une activité qui nous reconnecte et améliore le bien-être mental et physique.

Aux origines de la pole dance

L’origine de la pole dance viendrait du Mallakhamb en Inde et du Chinese pole en Chine. Sous sa forme actuelle en Occident, on la date aux années 1920, où elle était pratiquée dans les cirques itinérants. Avec l’apparition du burlesque dans les années 50, le concept passe des fêtes foraines aux clubs de nuits. Pour la majorité des personnes, la pole dance est associée aux stip-teaseuses, qui la popularisent dans les années 60. Depuis les années 90, la pole est une activité sportive et artistique reconnue.

La réputation sulfureuse de la pole dance est notamment dûe aux vêtements peu couvrants. Or, la peau doit être nue pour accrocher la barre et pouvoir effectuer les différentes figures. C’est donc une nécessité pour la pratique !

photo noir et blanc d'une pole dancer
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Bien-être physique et mental

Je découvre la pole dance après une année difficile où un diagnostic de burn-out entrepreneurial m’a imposé beaucoup de remise en question. Devoir s’arrêter de travailler pour des raisons de santé, quand on passé sa vie à vouloir performer professionnellement est extrêmement difficile à accepter. Sentir qu’on a plus d’énergie physique ni psychique soudainement est un vrai effondrement narcissique. Mais, grâce à un entourage bienveillant, des professionnel-les de santé à l’écoute (médecin généraliste et psychologue), l’arrêt total de l’alcool festif, et mes efforts pour me reposer (oui, c’est un effort de se reposer dans ces moments), j’ai fini par voir le bout du tunnel. C’est donc au sortir de ce tunnel que je découvre la pole dance par hasard.

Il faut savoir que cela fait dix ans que je suis régulièrement des cours de danse cubaines (aka salsa cubaine). Je ne suis donc pas étrangère à l’univers de la danse. Mais avec la pole, je découvre une autre façon de pratiquer. Ainsi, pas de cavalier, pas besoin de s’aligner avec l’énergie d’un-e autre danseur-se, pas de jeu de séduction (hétéronormé) en binôme. On est soi-même avec sa barre de fer et rien de plus. Et cela pose une grosse différence dans la possibilité d’être pleinement connectée à soi.

Les bienfaits physiques de la pole dance

Premièrement, la pole est un véritable sport de guerrière ! Franchement, respectez toutes ces strip-teaseuses, qui l’ont popularisé tout en subissant le mépris du grand public et de leurs spectateurs. Chaque figure exige une combinaison de force, d’équilibre, de gainage et de coordination. Les muscles travaillent en profondeur : bras, épaules, dos, sangle abdominale et jambes sont sollicités à chaque montée, chaque inversion, chaque spin. C’est un vrai challenge pour le corps et une activité sportive très complète.

Et c’est aussi là que réside le plaisir de la pratique. Au fil des entraînements, on sent que son corps gagne en souplesse et en force. On devient de plus en plus audacieuse et on se sent plus forte !

Les bienfaits psychologiques de la pole dance

Je prends mes cours chez Pole Dance Fly à Bruxelles et ce qui m’a tout de suite plu est la bienveillance des professeures. Les cours pour débutant-es proposent un rythme adapté et on se sent vraiment suivies dans notre progression. Il n’y a jamais aucun jugement, ni de la part des profs ni des élèves, et c’est un vrai espace de sororité. Et apparemment, la sororité est un point commun des écoles de pole dance.

Peu importe l’âge, le poids ou le niveau de départ : on apprend à s’observer autrement, à s’admirer même, dans des positions que l’on n’imaginait pas pouvoir tenir un jour. J’apprécie d’être avec des élèves de tous âges, toute morphologie, toute identité de genre, sans que personne ne ressente jamais du jugement de la part des autres. On se soutient, on s’applaudit, on se célèbre toutes ensemble. On se relève, littéralement, après chaque chute. Ca fait vraiment du bien pour le moral de partager cette reconnexion sensorielle et charnelle dans la solidarité.

pole dancer

La pole dance demande du travail, de la concentration et de prendre son courage à deux mains (deux pieds, deux genoux, deux bras aussi…). Et cette exigence, dans un cadre bienveillant, permet vraiment de renouer avec son corps, dans toute sa sensualité et sa puissance, sans filtre ni jugement. C’est un vrai moyen de décoller nos complexes, nos hontes et conditionnements ancrés dans nos chairs. C’est un vrai booster de confiance en soi et en nos potentialités. Ce n’est pas pour rien que #poletherapy est un hashtag populaire sur les réseaux sociaux !

Une discipline sportive à part entière

La pole dance est désormais reconnue comme une discipline sportive à part entière, avec ses figures codifiées, ses niveaux, ses exigences techniques et ses compétitions internationales. En 2017, la pole dance a été reconnue par la Global Association of International Sports Federations (GAISF), ouvrant la voie à une possible inclusion aux Jeux Olympiques dans les années à venir. En France, la première compétition de pole artistique a été lancée en 2009 par Mariana Baum.

Il n’existe pas une pole dance, mais une multitude de manières de s’approprier la barre :

  • Pole sport ou pole fitness qui met plus l’accent sur la condition physique, avec peu de danses et transitions entre les figures
  • Pole exotic pour explorer sa sensualité en talons
  • Pole art pour sublimer le mouvement dans des chorégraphies contemporaines, avec une attention portée à la musicalité

Un art inclusif, féministe et queer ?

Sur Instagram et Tiktok comme sur scène, la pole dance devient un art queer, féministe, politique. Elle donne à voir des corps gros, racisés, handicapés, trans ou vieillissants, dans toute leur puissance et leur beauté. Et cette pluralité fait tomber les murs : de plus en plus d’hommes, de personnes non-binaires ou de seniors rejoignent les studios, bousculant les stéréotypes.

Pratiquer la pole, c’est refuser la honte, celle trop longtemps collée aux corps exposés, aux danses dites « vulgaires », à la sexualité assumée. Cela permet d’exister en dehors du regard normatif, de célébrer les corps sans s’excuser, d’érotiser leurs mouvements sans justification.

Cela ne fait qu’un mois que je pratique, mais je sens déjà que c’est une longue histoire d’amour qui commence. La pole dance est une addiction saine que je recommande à tous-tes !