Le livre Désirer à tout prix de Tal Madesta nous invite à questionner cette obsession sur la sexualité. Pourquoi pense-t-on que c’est « le ciment du couple » (hétérosexuel) ? Dans une société où les femmes et personnes LGBTQ+ restent minorisées et discriminées, peut-on vraiment croire au mythe d’une sexualité émancipatrice ?
Sortir de l’impératif de désirer à tout prix
Pour Tal Madesta, le constat est amer : le système dans lequel nous vivons maintient l’illusion que l’obession (hétéro)sexuelle est justifiée et naturelle. Cette pensée imposée fait craindre la marginalisation à tous-tes celleux qui ne la vivent pas ainsi. Combien de personnes vivent une hypersexualité, sans jamais y prendre du plaisir ? Qui ne s’est jamais senti-e « cassé-e », parce qu’il ou elle ne trouvait pas le sexe « naturel et évident » ? Dès que la sexualité normée et pénétrative est absente (baisse de libido, asexualité, lesbianisme…), il faudrait « réparer cette machine dysfonctionnelle ».
Nous sommes cerné-es de tous côtés par une image émancipatrice de la sexualité, forcément désirable, et par l’idée que la non-conformité à cette norme est pathologique. »
Derrière la sexualité, le capitalisme patriarcal
Même quand il s’agit d’une valeur positive comme l’idée d’émancipation, Tal Madesta en dénonce la récupération libérale. En effet, est-il réellement possible d’avoir une sexualité émancipatrice au sein d’une société patriarcale et capitaliste ?
Selon l’auteur, le sexe conjugal est d’ailleurs une arme de l’hétérosexualité pour asseoir sa suprématie sur les autres orientations. C’est également un « outil de contrôle et de surveillance des femmes ».
Cela arrange bien le système que l’idée d’épanouissement sexuel devienne obsessive, soutenue par des féministes pro-sexe (et Desculottées, mea culpa). C’est une bonne excuse pour développer de nouvelles formes d’opium capitaliste, comme l’industrie florissante des sextoys. Peut-on s’accorder à dire qu’une personne qui vit des oppressions a besoin que l’oppression disparaisse et non pas de jouir avec plus de sextoys ?
Ne plus désirer à tout prix et faire famille autrement
Tal Madesta nous invite donc à ne plus voir les corps uniquement comme « objet désiré ou sujet désirant ». La libido n’est pas uniquement sexuelle, nous pouvons investir notre corps et notre plaisir dans d’autres activités, comme le sport ou la danse par exemple.
De plus, l’image sacrée de la famille hétérosexuelle (plutôt blanche et bourgeoise dans sa conception idéalisée), en fait un terrain propice aux abus et violences comme l’inceste. L’auteur propose de revaloriser l’amitié et d’autres façons de faire famille. Il en profite pour rappeler que ce sont souvent les femmes lesbiennes et/ou racisées qui ont proposé d’autres approches de l’amour romantique et de la sexualité.