Aujourd’hui encore, dans certaines sociétés, le mot divorce déclenche l’opprobre, la honte, la peur. Il dérange les familles, les traditions, les religions, les voisins, et parfois même les femmes concernées. Pourtant, pour des millions de femmes à travers le monde, divorcer est bien plus qu’une simple séparation. C’est un outil d’émancipation, voire un acte de survie.

Le divorce, longtemps refusé aux femmes en France

Petite piqûre d’histoire sur l’autorisation récente du divorce en France :

  • 1792 : date de première autorisation du divorce pendant la Révolution, mais interdit à nouveau 24 ans plus tard
  • 1884 : divorce accepté dans des conditions hyper strictes. Les femmes sont contraintes de rester sous la tutelle de leur mari, même dans les situations les plus violentes.
  • 1975 : le divorce par consentement mutuel est enfin possible

Ce droit au divorce a littéralement transformé la vie des femmes, dans un monde où la culture du viol resté prégnante. C’est un moyen de reprendre le contrôle sur son existence, d’échapper aux violences conjugales, à la domination patriarcale, à l’injonction du « jusqu’à ce que la mort nous sépare ». Avant cela, des générations entières de femmes sont restées enfermées dans des mariages qui ne leur convenaient pas, parfois violents, souvent étouffants.

Etre une femme divorcée, un acte de rébellion

Pendant longtemps, la femme divorcée était perçue comme une paria, une « ratée », une menace pour l’ordre moral. Dans les années 50 en France, être divorcée impliquait souvent un déclassement social. L’accès à un logement, à un emploi ou simplement à une vie sociale pouvait devenir un véritable parcours d’humiliation.

Et même aujourd’hui, soyons honnêtes, les traces sont toujours là. Une femme qui divorce n’est pas toujours exempte de jugement. On peut la culpabiliser sur ses enfants, et si elle quitte un homme violent, elle est souvent confrontée à un système judiciaire qui minimise les violences conjugales, voire la culpabilise.

De ce fait, oser divorcer continue d’être une forme de résistance. C’est pouvoir dire non à l’oppression domestique. C’est refuser l’idée que la femme doit tout supporter au nom de la famille, et se sacrifier par amour.

Le divorce est un luxe encore inaccessible dans de nombreuses régions du monde

Dans certains pays, le divorce est toujours interdit ou extrêmement restreint en 2025, souvent sous l’influence de l’Église ou de lois patriarcales :

  • Aux Philippines, impossible de divorcer légalement, hormis pour les musulmans
  • Au Vatican, c’est un no-go catégorique
  • Dans certains pays du Moyen-Orient ou du Maghreb, bien que le divorce soit possible, il est souvent socialement inacceptable pour les femmes. Les conséquences sont terribles : isolement, précarité, retrait des enfants, violences familiales ou communautaires
  • En Inde, surtout dans les zones rurales, c’est quasiment impossible de repartir de zéro après un divorce. La femme perd tout, son statut, son logement, son réseau.

Les femmes sont ainsi piégées dans des mariages forcés, violents, ou non désirés, sous la pression sociale, religieuse, ou économique. L’absence de droit au divorce est une forme directe de violence structurelle, souvent cumulée à de la violence économique.

​Au Sénégal, bien que le divorce soit légal, les femmes divorcées font face à une stigmatisation sociale persistante. Elles sont souvent perçues comme ayant échoué à maintenir leur foyer. Cette perception est renforcée par des expressions locales dévalorisantes telles que « ki dou seykat » (« elle n’est pas faite pour le mariage »). On les traite de femmes faciles et indésirables.

Tout comme la notion de virginité, pour des millions de personnes dans le monde, le mariage est présenté comme la preuve de valeur d’une femme dans la société. Certes, le divorce comme toute rupture amoureuse, est bien souvent un acte douloureux. Mais ce devrait être un droit pour toutes et bravo à celles qui ont eu le courage de le faire ou qui se battent pour ce droit.