Bettina Zourli est une autrice et militante féministe, connue pour son compte Instagram @jeneveuxpasdenfant. Dans son nouveau livre Le temps du choix, être ou ne pas être mère, elle propose une réflexion sur l’injonction posée sur les femmes de procréer. Elle questionne la croyance de l’instinct maternel, qui érige la maternité comme un destin inévitable, tandis que le non-désir d’enfant reste tabou et que les inégalités de genre subsistent. Réfléchir en pleine conscience son désir de devenir mère ou son refus d’enfanter, n’est-ce pas ainsi qu’on se donne réellement le choix ?

Livre Le Temps du choix de Bettina Zourli
Livre « Le temps du choix » de Bettina Zourli

Une pression sociale à procréer

Dès le premier chapitre, Bettina Zourli entre dans le vif du sujet : les femmes subissent une assignation à la procréation depuis des millénaires. Du mythe de la Vierge Marie, à l’Antiquité Grecque qui parle de « femmes vides »pour nommer les femmes sans enfants, à la théorie extrémiste actuelle du « grand remplacement », les récits ne manquent pas pour mettre symboliquement la pression aux femmes.

En se basant sur différentes sources documentées, l’autrice essaie de nous conscientiser sur l’instrumentalisation séculaire des corps de femmes. À des fins politiques, sociales et patriarcales, la maternité a été érigée en statut ultime d’une féminité réussie.

La somme des politique pro-natalistes déjà évoquées, de la récupération religieuse et politique de l’enfantement nous laisse dans un immense flou quant au désir inné ou construit, voire enjoint, d’enfant. »

« Le temps du choix », Bettina Zourli

Stigmatisation des femmes childfree

Devant ces représentations intériorisées, la femme sans enfant se retrouve stigmatisée. Bettina Zourli pose ainsi une question très juste : faut-il parler de désir d’enfant ou de devoir d’enfant ? Le livre nous apprend que la notion de désir d’enfant est très récente à l’échelle de l’humanité. C’est la contraception féminine et la légalisation de l’avortement à l’aube des années 70, qui vont offrir aux femmes occidentales un contrôle sur leur fertilité, et permettre le choix.

Le constat est qu’être une femme childfree dérange toujours la société. Aussi bien dans la pop culture, que dans les discours médiatiques, c’est vu comme un danger pour la famille nucléaire traditionnelle.

Pour Bettina Zourli, nous devons toutes avoir le choix de décider en pleine conscience de notre désir et non-désir d’enfant. Il est tout autant légitime de vouloir être mère, que de le refuser. Pourquoi est-ce moins tabou et dérangeant de faire une FIV (fécondation in vitro), que de décider d’une stérilisation volontaire ?

« Care » féminin et charge maternelle

Le temps du choix propose aussi de s’interroger sur les liens possibles entre maternité et féminisme. L’autrice demande notamment de ne pas fermer les yeux sur les inégalités de genre provoquées par la parentalité. Entre les risques liés à la grossesse, les violences gynécologiques et obstétricales et les congés parentaux non égalitaires, une forte insécurité pèse sur les nouvelles mères.

Ce n’est pas la maternité en soi qui est aliénante, c’est le fait de devoir élever des enfants sans avoir ni les infrastructures, ni le temps, ni l’argent pour s’en occuper »

Le temps du choix, Bettina Zourli

Dans une société qui estime que le soin/care est forcément féminin, les mères sont fortement culpabilisées et subissent des injonctions contradictoires. Il faut vite retourner au travail et être performante, mais aussi avoir la charge principale de l’enfant. En parallèle, le burn-out maternel et la dépression post-partum restent des sujets tabous.

Le livre Le temps du choix de Bettina Zourli révèle ainsi comment les pressions symboliques, institutionnelles, économiques et sociales limitent volontairement la réflexion, pour réellement construire un projet d’enfant conscientisé. Et si on prenait vraiment nos responsabilités, en valorisant le collectif, l’égalité et le choix véritable dans notre modèle de société et de parentalité ?

Le temps du choix, Bettina Zourli, éditions Payot. 19,50€.