Comment se vit la sexualité quand on a 20 ans multiplié par deux ? 30 femmes et 30 hommes âgés entre 40 et 60 ans ont accepté de répondre à nos questions sur la manière dont ils vivent leur sexualité. Quelles sont les différences entre réalité et représentations médiatiques des personnes de leurs générations ? Une chose est sûre, ils et elles croquent la pomme du plaisir à pleines dents et sont bien loin de céder la place au dentier ! 

La sexualité c’est comme du bon vin, elle se bonifie avec le temps

En France métropolitaine, l’espérance de vie à la naissance en 2017 est de 79,5 ans pour les hommes et de 85,4 ans pour les femmes. Selon l’Insee, les hommes et les femmes ont gagné 14 ans d’espérance de vie en moyenne, sur les 60 dernières années. C’est donc potentiellement 14 ans de plus de vie active et sexuelle. Comme l’exprime Charlotte, 50 ans :

Il y a aujourd’hui un nouvel espace entre l’âge adulte et la « séniorité », une bonne quinzaine d’années assez démentes, pendant lesquelles on n’est plus une maman et pas encore une grand mère. »

Charlotte, 50 ans

On vit plus longtemps et mieux aujourd’hui, pourtant la sexualité passée 40 ans semble être un univers mystérieux cerné par les nuages. Avant d’atteindre ce seuil d’âge, 33% des personnes interrogées imaginaient que leur avenir sexuel serait sombre entre 40 et 60 ans. Anne-Claire, 46 ans, pensait que « ce serait très plan-plan, morne, qu’il n’y aurait plus de sexualité qu’une fois par mois ». Seules 16% des personnes interrogées pensaient qu’elles auraient une meilleure sexualité. Suite aux différents témoignages, force est de constater que c’est la minorité qui avait le mieux anticipé !

couple dans un lit pour l'article sur témoignages sexualité
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Plus de 50% des répondants s’accordent à dire que leur sexualité est incontestablement meilleure qu’avant, dont 70% des femmes et 43% des hommes.

Vernon, 46 ans ose se confier sur ses doutes passés :

« Jusqu’à mes 40 ans, ma sexualité était assez brimée, ou timorée, et j’avais du mal a accepter mon corps. Cela ne m’a pas empêché de trouver du plaisir avec quelques partenaires – et ma femme – mais je ne me sentais pas vraiment épanoui… »

Vernon, 46 ans

Aussi bien chez les hommes que les femmes, des raisons communes sont mentionnées pour expliquer cette nette amélioration de leur sexualité : une meilleure connaissance de soi et de son désir, moins de complexes, le sentiment de devoir moins répondre à des injonctions sociétales ou encore les bienfaits d’un divorce.

L’avantage de la quarantaine c’est qu’on assume totalement sa sexualité, et ç’a été un long chemin en ce qui me concerne. On peut exposer ses fantasmes et désirs à une éventuelle partenaire sans avoir la crainte de se faire traiter de pervers. Les femmes aussi sont beaucoup plus à l’aise avec leur corps et n’hésitent pas à t’indiquer ce qu’elles aiment, n’aiment pas, voire à te proposer certaines pratiques. »  

Charles, 42 ans

D’ailleurs, au sujet des pratiques sexuelles, les préférences mentionnées sont très variées. On retrouve dans le haut du panier le cunnilingus, la fellation, le sexe anal ou la levrette. D’autres pratiques ont été citées plusieurs fois comme le libertinage, le fist, la position 69, le BDSM, le polyamour et le meilleur pour la fin, les câlins (véridique) !

Le désir n’est pas mort, vive le désir !

Il n’y a pas de sexualité satisfaisante sans désir sexuel. La tension entre personnes désirantes et désirées est au cœur même du rapport érotique. Mais, est-on moins désirable et désirant-e quand on n’est plus dans la catégorie « jeune » ? Pour 6% des personnes interrogées, la réponse est oui. Zazie, 45 ans, ressent toujours autant de désir qu’avant, mais se sent moins désirable car elle constate « moins de possibilités qu’avant ses 40 ans. » Cela impacte son épanouissement sexuel, d’autant plus que « trouver un partenaire avec qui ça se passe bien (préservatif, érection, écoute du plaisir féminin ) est difficile. » Côté masculin, Capsicum, 40 ans, déplore quant à lui une baisse de performance car, « la diminution de la fréquence des actes engendre une excitation plus importante à l’acte, donc une diminution du temps et du plaisir procuré. »

Néanmoins, plus de 50% du panel se sent plus désirable aujourd’hui que dans leurs plus jeunes années. Parmi les qualificatifs qui reviennent souvent pour parler de leurs relations charnelles, on note les mots intenses, épanouissantes et libres. « J’ai gagné en assurance et en expérience. Ça doit se sentir. Et j’ai moins d’attentes, de peurs » explique James, 45 ans. Pour MauxBleus, 48 ans, « la question du désir se pose continuellement, surtout dans une relation longue » et il faut savoir mettre tous les atouts de son côté pour le faire durer, quoi qu’il en soit.

couple amoureux
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Pour Cecilia, 53 ans, le changement de rythme de vie et de sa situation de couple (séparation à 47 ans), ont contribué à augmenter sa satisfaction sexuelle :

« Je ne suis plus tenue par des obligations de mère de famille, mes filles sont grandes et je vis ce que j’ai à vivre. Je m’autorise des expériences, j’ai découvert les sextos, les sextoys avec un spécial big up à mon « Womanizer« . Bref, je me découvre ! » 

Cecilia, 53 ans

Même constat enthousiaste pour Isa, 56 ans : « Notre époque est extraordinaire dans l’ouverture de la sexualité féminine (enfin)! Je m’épanouis et me découvre avec bonheur chaque jour davantage. »

Dans les médias : manque de représentations et clichés sur la sexualité plus mature

À l’approche de la ménopause, les femmes souffrent d’un cruel manque de représentations dans les médias. Isa, 50 ans, nous informe de l’existence du « Tunnel de la comédienne de 50 ans », une commission lancée par l’AAFA (Actrices, Acteurs de France Associés) pour lever le tabou de l’âge des actrices et faire bouger les lignes dans le cinéma.

Sarah Jessica Parker pour la pub Intimissimi
Nouvelle campagne de pub de la marque de lingerie Intimissimi, avec Sarah Jessica Parker (53 ans)

Cependant, les hommes ne se sentent pas mieux lotis, car pour Stan, 41 ans, le constat est dur : « J’ai le sentiment que nous n’existons pas. » Quant à Antoine, 60 ans, il peste sur le néant médiatique quand il s’agit d’aborder la sexualité des hommes :

Il y a une presse féminine qui parle, quand même, de tous les âges de la femme ou de la femme à tous les âges. Il n’y a pas de presse masculine ou alors on y parle économie, belles montres et fringues chiantes. Mais jamais de sexualité. » 

Antoine, 60 ans

Non seulement il y a un manque de représentations, mais quand il y en a, elles sont souvent porteuses de clichés dans lesquelles ils/elles ont du mal à se reconnaître. Carole, 44 ans, se plaint : « On ne nous voit que pour de la pub anti-rides ! Ou comme des ménagères très sages ! » Idem pour Charlotte qui réalise qu « en fait, les femmes qu’on nous présente comme ayant 40 à 50 ans doivent en fait avoir 65 à 75 ans. En fait, elles sont ma mère ! Pas moi, putain ! » 

groupe de femmes qui s'amusent pour artice sur les témoignages sexualité
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Parmi les clichés médiatiques les plus fréquemment cités par les femmes, il semblerait qu’« à partir de 40 ans les femmes seules ont de l’expérience et sont des cougars, tandis que les femmes en couple n’ont plus de libido et ne veulent pas essayer de nouvelles choses » explique Vanyfraiz, 44 ans.

Du côté des hommes, le cliché du vieux beau en crise de jeunisme revient incessamment :

« Je crois que la société attend d’un homme de 40 ans et plus qu’il soit dans la force de l’âge, forcément échangiste, forcément attiré par des femmes plus jeunes que lui. Ce qui n’est bien évidemment pas forcément le cas ».

MauxBleux, 48 ans

Enfin, Greglan, 45 ans, estime que les hommes apparaissent trop sexués alors qu’en réalité ils « aspirent à plus d’authenticité et de complicité avec les femmes, dans un environnement neutre. »

En conclusion, avoir deux fois vingt ans n’est pas fatalement synonyme de fin de la séduction, du plaisir et de la vie sexuelle. La multiplication ne s’applique pas uniquement pour l’âge, mais aussi pour le nombre d’expériences, la meilleure connaissance de soi, la satisfaction sexuelle, les nouvelles découvertes et le plaisir, et ceci bien loin des clichés habituels !