Les hommes ont tout le temps envie de sexe et les femmes ont toujours mal au crâne ? Voici encore un mythe à briser, car une femme hétéro peut avoir un désir sexuel plus important que son mari. Entre constructions culturelles intégrées et ménagement de l’ego de l’autre, cela n’est pas toujours simple à vivre pour la femme et pour le couple.

J’ai plus de désir sexuel que lui : ma libido est-elle folle ? 

On nous a souvent répété cette comptine qui voudrait que « les femmes ne veulent jamais faire l’amour ». Les hommes ont supposément une libido incontrôlable que leurs femmes n’arrivent à satisfaire que partiellement. Voici l’imagerie sexuelle du couple hétéro qui prédomine encore. En revanche, on n’entend difficilement – voire jamais – parler de la situation inverse ! Pourtant, faut-il rappeler que le fossé orgasmique montre que 65% des femmes atteignent l’orgasme, contre 95% des hommes d’après certains chiffres ? Rappelons aussi que 75% des divorces sont à l’initiative des femmes, et que la charge mentale qui tue à petit feu le désir, a un rôle à jouer dans le manque de désir de beaucoup de femmes. Cela ne signifie aucunement que les femmes ont moins de désir naturellement que les hommes.

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Certaines femmes ont un désir sexuel bien supérieur à celui de leur homme. Sasha fait partie des femmes dans cette situation et a accepté de nous faire part de son expérience. En couple depuis 10 ans, son homme est celui qui lui a appris à faire tomber ses tabous, ses hontes, à aimer son corps et à aimer se faire plaisir. À se sentir libre sexuellement. Et dès lors… « C’est là que tout à basculé ! C’est là que le sexe est devenu une obsession. Le sexe et non la recherche d’orgasme. J’y pense tout le temps. Je fantasme, me demande qu’est-ce que nous pourrions essayer de nouveau pour tester les réactions de mon corps et que l’orgasme soit encore plus fort, pour lui comme pour moi. » 

couple avec femme au dessus de l'homme

Parce que cela n’est pas conventionnel pour une femme d’avoir plus de désir sexuel que son homme, Sasha a l’impression que quelque chose ne tourne pas rond chez elle. La société n’a jamais donné une image positive des femmes demandeuses de sexe. Il existe des terminologies péjoratives à souhait pour les nommer, de nymphomanes à grosse salopes, difficile de ne pas se sentir mal si l’envie sexuelle est forte. Elle se confie :

« Je culpabilise beaucoup. Parfois, je me sens complètement folle, bonne à enfermer. Insatiable, jamais rassasiée d’orgasme, masochiste, avec des fantasmes très hors normes. Je n’arrive pas toujours à assumer d’être comme ça. Je ne me sens pas normale et même si je vis pleinement ma sexualité sans la moindre barrière, je continue encore à me demander pourquoi je suis si demandeuse, si tordue et si perverse. »

Femme hypersexuée = homme rabaissé ?

Comme avec le complexe des poils féminins, tout ce qui relève de l’instinct animal chez la femme a toujours été quelque chose à étouffer. Une femme « bestiale », cela effraie, cela inquiète la virilité de l’homme. D’ailleurs, quand on a un désir sexuel plus fort que son homme, c’est également un des aspects difficile à gérer dans le couple : le regard de l’homme. On pourrait croire qu’un homme qui a une femme demandeuse de sexe se sent le roi du monde. La vérité, c’est qu’il se sentent souvent atteints dans leur virilité, comme l’explique Sasha sur son mari :

« Il se sent parfois impuissant devant tant de désir. Il ne se sent pas toujours à la hauteur. Il a peur qu’on en arrive à un stade où il n’arriverait plus du tout à me satisfaire. Il est également parfois découragé. Au début ce n’était pas le cas, mais après 10 ans, il arrive parfois que quand je débarque dans la chambre en portes-jarretelles et corset, il ait un air découragé, dépité. » 

Serait-il « moins homme » parce qu’il a moins de désir sexuel que sa femme ? Depuis toujours l’homme a l’image du chasseur,  c’est lui qui est supposé décider d’attaquer sa proie et non l’inverse selon les stéréotypes de la virilité. Alors, quand la proie devient chasseuse et le chasseur, la proie, c’est une perte de repères qui dérange.

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Vivre son couple à libido variable

Une telle situation génère un sentiment de culpabilité chez les deux partenaires, ce qui peut donner naissance à des conflits de couple« Je m’enferme derrière mon écran, me baladant entre Facebook et des sites BDSM, ou alors je lis, pour enfermer mes désirs dans ma bulle et ne pas le déranger, ne pas l’embêter. Mais ma bulle de désirs gonfle, ma frustration avec… la culpabilité suivant de près.. » 

Le couple devient décalé dans ses attentes sexuelles. On ne le répètera jamais assez, mais un bon début pour trouver des solutions est la communication. Discuter, faire part de ses désirs et frustrations est important. Est-il possible de trouver un terrain d’entente en explorant une nouvelle sexualité ensemble ? Sasha y a songé et a tenté du côté d’une sexualité alternative BDSM. D’autres types de relations sexuelles peuvent être explorées également, comme le candaulisme peut-être (qui on le rappelle ne fonctionne qu’avec un plein consentement, comme pour tout acte sexuel) ? Il peut être surtout utile de penser à consulter ensemble un-e sexothérapeuthe de couple ou de lire les livres d‘Esther Perel.

Le désir sexuel féminin, ce mystère inquiétant

Nous les femmes, avons malheureusement si bien intégré  l’image que la société a renvoyé de nous. D’un côté la peur d’assumer sa sexualité car ce serait l’apanage des hommes, de l’autre côté se sentir folle si on assume ses désirs. Il est vrai que l’hypersexualité peut se révéler être un trouble psychologique, mais elle revêt des formes particulières à ne pas confondre avec une libido très importante. Nous avons tendance à faire l’amalgame et voir un trouble mental dans ce qui est juste une manifestation naturelle de notre désir de femme. Et ce désir sexuel féminin n’a pas à rentrer dans des cases créées malgré nous. Il a le droit de vivre tel qu’il est. Il serait temps de jeter aux oubliettes les mythes sur la sexualité féminine, qui ne sont pensés que pour brider nos désirs naturels ! Les hommes doivent accepter la mutualité des désirs et cesser de penser la sexualité comme une performance et un outil de domination des femmes, qui mène aux violences systémiques. On vivra et jouira bien mieux ainsi, tous-tes ensemble.